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Sophie Reine: « David Bowie avait adoré le projet Cigarettes et chocolat chaud »

Sophie Reine: "David Bowie avait adoré le projet Cigarettes et chocolat chaud"

Cigarettes et Chocolat Chaud est aujourd’hui en salles ! Mais qui est Sophie Reine, réalisatrice de cette comédie familiale?

Suite à l’avant-première du film Cigarettes et chocolat chaud, MCE a discuté avec Sophie Reine.

Sophie Reine, c’est d’abord une carrière de monteuse vidéo couronnée de succès : en 2009, elle obtient le césar du meilleur montage pour Le Premier Jour du reste de ta vie de Rémi Bezançon. C’est aussi une personnalité décalée. Parler d’elle ou de son film Cigarettes et Chocolat chaud – son premier en tant que réalisatrice – sont deux choses liées, car ce dernier est en partie autobiographique. Oui, les familles où on ne fait rien comme les autres, Sophie connaît…

Sophie Reine : rencontre avec la réalisatrice venant de chez « Les Simpsons fois cinquante »

Ton film a un aspect autobiographique. Il y’a t-il un personnage auquel tu t’identifies particulièrement ?

On me retrouve dans beaucoup de personnages et d’aspects du film. Ce qui est autobiographique, c’est déjà l’univers. La mère qui décède quand tu es petite, le fait que tu doives rester avec ton père, ce sont des choses que j’ai connues. Je suis le papa : complexé, qui passe son temps à bouffer. Je suis la grande fille qui est malade. Je suis hyperactive, donc j’ai connu la même lutte intérieure qu’elle. Je suis aussi la petite, parce que j’aime le catch !

« On avait un singe chez nous… »

Mais tu ne t’en tires pas si mal ! Finalement quand on grandit dans une famille différente, on n’a pas forcément « les mauvaises clés pour les portes », comme dirait Séverine ?

On va dire que ce genre d’éducation est à double tranchant. Enfant, quand j’étais fatiguée, je n’allais pas à l’école, je dessinais sur les murs, on avait un singe chez nous… On était les Simpsons fois cinquante ! C’est marrant, certes, mais il y a un manque de communication énorme dans ce genre de famille ou on prend tout au douze millième degré. Parce que tu vois par exemple, la mère meurt, mais on n’en parle pas. On ne parle pas de choses dramatiques. Le papa ne communique pas avec ses filles. C’est ce que l’assistante lui dit aussi : « faut que tu réagisses » ! Et après, c’est vrai qu’en entrant dans le monde on est pas comme tout le monde. Moi, quand j’ai commencé à travailler, j’y allais en rollers. J’ai eu du mal à m’intégrer à la société. J’étais toujours décalée. Il y a un moment d’adaptation. C’est bien pour la créativité, mais même dans le monde du cinéma où les gens sont un peu atypiques, j’ai eu du mal. C’est ce que j’essaie de dire dans le film : en vérité même si c’est drôle comme famille, Denis est un père défaillant, quand tu vois les choses de l’extérieur.

Comment ton père a t-il pris le film ?

C’était bizarre pour lui de voir ce film en sachant que ça allait être un peu autobiographique. Il a beaucoup angoissé parce qu’il a lu dans le synopsis qu’il allait être « un père défaillant ». Et finalement, quand il a vu le film, il a vachement aimé. Parce qu’en même temps, c’est un père aimant. Il est certainement très maladroit, mais aimant.

« Camille Cottin sortait tout juste de Connasse»

Camille Cottin, Gustave Kervern… parles nous de ton casting

Ce n’est que la deuxième fois que Gustave Kervern a le rôle principal dans un film. (Il avait déjà partagé l’affiche avec avec Catherine Deneuve dans « Dans la cour », c’était son premier gros rôle). Le film Cigarettes et Chocolat Chaud est vraiment une grosse mise en avant pour lui, car tout le film tient sur lui. Il le porte. Et sinon, dans le film comme dans la vie, c’est quelqu’un de très attachant. C’est quelqu’un, quand tu le vois, t’as envie de lui faire des câlins. Toute la tournée, les gens venaient spontanément lui en faire. Il y a une petite fille à un moment qui a pris le micro – il y avait son père à côté – et qui a demandé à Gustave s’il voulait bien l’adopter. Je me suis dit oh merde, le pauvre !

Et Camille Cottin, on avait tellement envie de tourner avec elle depuis le début. A l’époque, elle sortait tout juste de Connasse. Mais vous l’avez vue ? En vrai elle est hyper discrète, toute timide…

Quand aux deux petites filles, Héloïse Dugas et Fanie Zanini, elles ont 11 ans et demi et 15 ans. Ce qu’on a aimé, c’était leur spontanéité.

« David Bowie a dit qu’il adorait le projet Cigarettes et chocolat chaud ! »

Et ce choix de David Bowie, d’où ça vient? Il est omniprésent dans le film !

Ah, Bowie… David Bowie, je l’adore depuis que je suis adolescente. J’étais obligée de le mettre dans un film qui me ressemble autant. Le problème qu’on a eu, c’était le prix pour une chanson de cet artiste. C’est super cher, pour le budget minuscule qu’on avait. Du coup l’histoire, c’est que je lui ai écrit une lettre dans lequel je lui expliquait mon scénario. Je lui ai expliqué que c’était un film qui parlait de la différence. Et miracle : trois jours avant de commencer à tourner, il m’a répondu. J’étais très touchée parce qu’il m’a dit qu’il adorait notre projet, et pour cette raison, il a accepté de rentrer dans nos coûts. Du coup, on l’a mis partout. Puis en plein montage du film, c’est le drame : il est décédé. J’étais super triste de perdre mon idole, mais surtout, je me suis dit « putain, à quelques jours près, David Bowie aurait vu mon film », parce que j’étais à deux doigts de lui envoyer. Heureusement, sa famille a accepté de respecter sa volonté en gardant le deal avec nous, même si on a perdu quelques trucs.

Voilà, sinon à part Star Wars, y’a rien le jour même ! Non mais ils ont peur, méfiez-vous !

Cigarettes et chocolat chaud rencontrera t-il le succès? A vous d’en décider. Il est aujourd’hui au cinéma.

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