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Lost River: que vaut le premier film de Ryan Gosling ?

Lost River : que vaut le premier film de Ryan Gosling ?

On a vu le premier film réalisé par Ryan Gosling, on vous dit ce qu'on en pense

Non, voir un acteur aussi successful que Ryan Gosling passer derrière la caméra n’est évidemment pas une première : de Clint Eastwood à Ben Affleck en passant par Kevin Costner, ils sont nombreux ces acteurs de talents à s’être tournés vers la réalisation. Si les sus-cités l’ont fait avec réussite (on ne vous a mis que des oscarisés), l’entreprise relève souvent de l’ego-trip, et comporte son lot de risques pour la carrière du concerné. Bon nombre d’acteurs ont raté la marche, faute de posséder un réel talent pour la mise en scène.

Beaucoup de bruit pour rien ?

Mais dans cette caste des « acteurs qui passent à la réal », Ryan Gosling est un cas à part. Rarement un néo-réalisateur avait été l’objet d’un tel culte médiatique : son statut de sex-symbol, son couple ultra-glamour avec Eva Mendes, ou son indéniable talent d’acteur de film noir… Absolument tout, chez le jeune canadien, concourt à détourner l’attention de la vraie question : Ryan Gosling a t-il réalisé un bon premier film ?

Une conte de fée moderne

Cannes avait répliqué en sifflant Lost River lors de sa projection au Festival 2014. Mais pour nous, la réponse est un grand : oui, Lost River est un bon film. A grand coup de bandes annonces nébuleuses, la promo du film nous avait pourtant un peu effrayé : pitch ultra-mystérieux, trailer lents et décousus… Ca sentait l’oeuf de Pâques joliment décoré mais désespérément vide. Et bien non ! Lost River raconte une histoire, un conte de fée en fait : celui d’une ville qui, telle une princesse en détresse, se retrouve prisonnière d’une malédiction. Une mère (Christina Hendricks, quelle actrice!) et son fils (Ian de Caestecker, une découverte) vont jouer d’une même détermination pour tenter, chacun de leur coté, de sauver leur avenir. Dès les premières minutes, l’enjeu est posé : on est alors comme accroché aux tentatives désespérées de ces héros ordinaires, qui se démènent pour dépasser leur triste sort.

La beauté du chaos

Mais l’héroïne de ce film, la vraie, c’est Lost River elle-même. Bien plus qu’un décor de cinéma, cette ville faite de bois est si organique qu’elle semble pousser ses derniers souffles sous l’objectif de Gosling. Avec un réel talent de conteur, le néo-réalisateur a puisé dans sa propre expérience pour raconter une époque : j’ai grandis au canada, près de la ville de Detroit raconte Ryan Gosling. C’était alors le symbole du rêve américain. Aujourd’hui, ce rêve est devenu un cauchemar pour ces milliers de familles qui ont du se résoudre à partir, et plus encore celle qui s’accrochent à leur maison.. C’est d’ailleurs à Detroit, dans des décors réels qu’a été largement tourné Lost River. L’ex-capitale de l’industrie américaine, devenue fantôme depuis 2008 et la crise des subprimes, Ryan Gosling l’a d’abord filmée avant même le début du tournage de Lost River, un an durant : ce n’était d’abord que des rushs à caractère documentaire pour mon film, avoue Gosling, mais finalement, j’ai incorporé ces visuels au montage. Non, Lost River n’a rien de l’égo-trip d’un acteur en mal de défi. C’est le premier film très réussi d’un jeune homme qui a des choses à raconter. S’il continue de bien s’entourer (le directeur de la photographie est celui de Gaspard Noé, le compositeur de la BO est celui de Drive), et s’émancipe de ses références (Winding Refn et Cianfrance sont partout), on parie que Ryan Gosling fera bientôt taire les sifflets de Cannes.

Lost River
de Ryan Gosling, avec Christina Hendricks, Ian de Caestecker, Eva Mendes, Ben Mendelsohn, Reda Kateb
en salles le 8 avril

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