Culture
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« La fille de Brest »: biopic du combat d’Irène Frachon contre le géant Mediator (critique)

Emmanuelle Bercot met dans "La fille de Brest" le spectateur face à la réalité bien noire du scandale du Mediator.

C’est d’un scandale encore d’actualité dont traite La fille de Brest, film d’Emmanuelle Bercot. Le combat incroyable d’Irène Frachon a donné matière à la réalisatrice pour composer ce biopic aujourd’hui sur nos écrans. Au début des années 2000, la pneumologue au CHU de Brest suspecte un lien entre ses malades et la prise du Mediator…

Irène Frachon contre le Médiator, le combat d’une vie

Le Mediator est un médicament alors commercialisé depuis trente ans. Produit du laboratoire Servier, il s’agit d’un anti-diabète souvent prescrit comme coupe-faim. En vérité, il est l’origine de pathologies cardiaques parfois mortelles. Mais ça, Irène (Sidse Babett Knudsen) aura bien du mal à le prouver. Elle mène pendant des années une étude, persuadée de la culpabilité de ce géant pharmaceutique. Au début épaulée par le docteur Antoine Le Bihan (Benoît Magimel), elle se retrouve de plus en plus seule et incomprise. Les autorités de contrôle sanitaires, la presse et ses collègues ne veulent pas de problèmes avec le laboratoire réputé d’excellence. Elle finira par publier son livre : Mediator, 150mg, combien de morts? , pour lequel elle sera attaquée pour son sous titre jugé diffamatoire. Mais qu’importe, Irène n’abandonnera pas son objectif : au nom de tous ses patients décédés, elle veut le retrait du Mediator et l’indemnisation des victimes du médicament.

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Emmanuelle Bercot et Benoît Magimel lors de la projection de presse du 27/10/16 chez Canal +

Le spectateur dans les coulisses d’un scandale

Et c’est sur ce livre qu’Emmanuelle Bercot se basera pour réaliser une partie du film. Mais La fille de Brest n’est pas qu’une adaptation : en contact direct avec Irène Frachon, elle fait du films les coulisses de cette affaire. Il y a tous les non-dits de ce livre; il y a aussi la suite, après la publication. En le réalisant, Emmanuelle Bercot avait une tâche difficile. Il lui fallait mettre à l’écran des chiffres, des réunions, des études. Des thèmes peu attractifs pour le public, auxquels elle a apporté le côté humain.

« La fille de Brest »: des visages humains posés sur les chiffres

C’est ce qui fait de ce film une réussite : on y voit Irène la combattante. Ses collègues qui l’abandonnent, sa famille qui la soutient. On y voit les patients qui souffrent, qui meurent, et on met des visages sur cette affaire qui peut paraître abstraite. Plongés en plein dans l’histoire semblant sortir tout droit d’un thriller, on termine en revenant à la réalité : le procès du Mediator est une affaire actuelle. Les victimes n’ont toujours pas été indemnisées, et le laboratoire Servier n’a toujours pas été sanctionné. Touché par un goût de scandale face à cette injustice, on ne peut que se dire qu’Emmanuelle Bercot a remporté son pari.

credit photo: Jean-Claude Lother

Ecrit par Mandi Heshmati

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