Sorti aujourd'hui en salles, le film d'animation « 108 Rois-Démons » signé Pascal Morelli nous entraîne dans l'empire de Chine avec humour et poésie
Empire de Chine. XIIème siècle. Les Rois-Démons terrorisent tout le pays. Pour vaincre ces monstres, il faudrait avoir le courage de cent tigres, la force de mille buffles, la ruse d’autant de serpents… et une chance de pendu. Le jeune prince Duan n’a que ses illusions romanesques et de l’embonpoint. Zhang-le-Parfait n’a que son bâton de moine et tout un tas de proverbes incompréhensibles. La petite mendiante Pei Pei n’a que son bagoût et son grand appétit. Mais surtout, le prince Duan, le vieux moine et la petite mendiante ne savaient pas qu’il était impossible de vaincre les Rois-Démons. Alors ils l’ont fait !
Pascal Morelli signe ici une magnifique fresque médiévale où véritables légendes chinoises et récit complètement issu de son imagination se mélangent. Celui qui a travaillé dans la bande-dessinée avant de devenir réalisateur de films d’animation s’est ainsi attaqué à l’adaptation cinématographique du livre Au bord de l’eau, une histoire épique tirée de la tradition orale chinoise et écrite par Shi Nai’an au XIVème siècle. Mais la particularité de ces 108 Rois-Démons, c’est qu’il s’agit d’une adaptation sans en être une. En effet, le cinéaste a préféré préfacer cette grande œuvre littéraire venue d’Orient plutôt que de raconter en images ces quelques 1700 pages beaucoup trop complexes à narrer en 1h44. Résultat ? Humour et poésie nous emmènent dans un univers dépaysant.
Des personnages subtils et hauts en couleurs !
Dans 108 Rois-Démons, Pascal Morelli nous dépeint ainsi l’histoire d’une bande de hors-la-loi devenus des héros. Loin des caricatures de bandits, ces personnages proviennent tous de milieux sociaux très différents et chacun possède sa personnalité, écrite en toute subtilité. De cette façon, on découvre donc le Prince Duan (qui deviendra disciple puis « Brindille », ndlr), le maître céleste Zhang, la conteuse sans le sou Pei Pei ou encore le guerrier Tête-de-léopard dans un scénario ficelé à la manière d’un film d’aventure. Quant au graphisme, il est tout simplement splendide ! En mêlant traits de crayon qui donnent des personnages plus vrais que nature et dessins esquissant des paysages semblables à des tableaux, on obtient des images très poétiques.
Et contrairement à un dessin-animé classique où les « gentils » affrontent les « méchants », ici les héros détiennent autant de noirceur que le Maréchal Gao et ce dernier aurait très bien pu être du côté des protagonistes car au fond il n’est pas cruel. Point de manichéisme dans 108 Rois-Démons donc, mais au contraire des personnages toutes en nuances. Les adultes pourront de ce fait autant apprécier le film que les enfants ! D’autant plus que tous les personnages, qu’ils soient du « bon » ou du « mauvais » côté, font preuve de beaucoup de dérision. Un humour parfois même british qui vous fera rire que vous ayez 7 ou 77 ans.
« 108 Rois-Démons » ou l’apologie du mensonge ?
Mais ce qui surprend le plus dans cette œuvre sur pellicule c’est avant tout le mensonge omniprésent. Dès le début des 108 Rois-Démons, une première fabulation se glisse dans l’intrigue : celui du Maréchal Gao qui a fait tuer l’Empereur de Chine afin de prendre son trône puis accuse les 108 Rois-Démons, des protagonistes mythiques de l’Histoire chinoise. S’enchaînent alors les calomnies, tantôt contées par Zhang-le-parfait, tantôt relayées par Pei Pei mais aussi le Prince Duan. Un point de vue inédit donc, puisque contrairement à un Disney où la vérité est reine, ce film franco-belge prône bobards et impostures ! Une pépite à découvrir dès aujourd’hui au cinéma !
(Re)découvrez ci-dessous la bande-annonce des 108 Rois-Démons :
Photo DR
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