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Violences policières: un rapport accable les services de police sur leurs agissements

Violences policières: un rapport accable les services de police sur leurs agissements

Un rapport de l'Association des chrétiens pour l'abolition de la torture accable les forces de l'ordre sur les violences policières. Selon elle, une forme d'omerta s'est créée et l'augmentation des victimes est conséquente depuis près de 10 ans.

89 situations alléguées de violences policières enregistrées depuis 2005 ont été analysées par l’Association des chrétiens pour l’abolition de la torture (Acat, ONG de défense des droits de l’Homme) depuis 18 mois. Le rapport que l’association en sort est… accablant. Les violences policières en France sont en augmentation. Sur les 89 cas étudiés, on dénombre 26 morts, 29 blessures irréversibles et 22 blessures graves. Selon l’association, cette enquête n’a été réalisée que sur un « échantillon et ne représente que la partie émergée de l’iceberg ». L’objectif de cette enquête est de briser le silence sur les violences policières en France qui font de plus en plus de victimes chaque année, notamment avec l’utilisation des armes dites non-létales et qui deviennent en fait des purs produits de violence. En passant de la technique d’immobilisation à l’utilisation du flashball, l’association révèle un manque de transparence et une forme « d’impunité » face aux violences policières.

« On sait combien de personnes sont tuées par an par des guêpes. Par les violences policières, on ne sait pas »

Une transparence que l’association ne digère pas, déclarant que « le ministère de l’Intérieur fait preuve d’une opacité flagrante » sur les cas de violences policières. Si des exemple sont devenus médiatiques, comme la mort de Rémi Fraisse, aucune statistique ne sort des couloirs du ministère. « Les seules données chiffrées dont on dispose sont éparses et incomplètes. Certaines peuvent être trouvées de manière dispersée dans des rapports institutionnels ou parlementaires, ou parfois au hasard de questions écrites au Gouvernement ou de communications de la France auprès d’instances internationales », explique le rapport de l’Association des chrétiens pour l’abolition de la torture. Malgré tout, les utilisations d’armes par les autorités sont recensés dans le fichier du traitement relatif au suivi de l’usage des armes (TSUA). Mais le problème est que ces données n’ont jamais été publiées ni diffusées. Dans sa campagne d’information, l’association utilise l’ironie pour montrer l’absurdité de la chose: « On sait combien de personnes sont tuées par an par des guêpes. Par les violences policières, on ne sait pas ».

Les violences policières sous omerta

Autre point tendancieux, l’association révèle que les violences policières graves sont généralement soumises à une forme d’impunité et de « graves défaillances dans les enquêtes administratives et judiciaires effectuées à la suite de plaintes pour violences policières ». Dans son rapport l’Acat parle d’une forme de corporatisme qui rend compliqué une plainte déposée à l’encontre de la police, les agents refusant parfois de l’enregistrer. Second problème, les enquêtes qui suivent ces plaintes sont généralement réalisées par les services de police eux-mêmes. Troisième point, les services de l’IGPN ou l’IGNN, lorsqu’ils sont saisies, sont « suspectés d’accorder plus de crédibilité aux dires des policiers et des gendarmes qu’aux tiers les mettant en cause », explique le rapport de l’association.

Quatre armes dans le viseur de l’association

Comment la violence policière a-t-elle pu autant augmenter ces dix dernières années? Pour l’association, cela est lié à la diffusion des armes dites non-létales dans les rangs des forces de l’ordre. Si auparavant elles avaient pour but de tenir les foules à distance, aujourd’hui, l’Acat analyse désormais qu’elles servent à « attaquer la foule ». Parmi ce type d’armement, quatre engins sont visés et notamment le flashball, responsable de nombreuses blessures. Au moins vingt-quatre personnes auraient été gravement blessées à cause de cette arme. La deuxième est le taser. Ayant pour but de maîtriser un individu virulent, la décharge électrique de 50 000 volts pourrait causer de terribles dégâts sur certains organismes. La mort de Rémi Fraisse a remis au goût du jour le danger des grenades. La quatrième n’est pas une arme, mais un système d’immobilisation qui aurait causé huit morts depuis 2005 selon l’association.

"L'ordre et la force", le rapport de l'Acat publié par G_Stoll

Crédits photo: ©PHOTOPQR/L’ALSACE/Lionel Vadam – MONTBELIARD LE 29/03/08

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