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Salah Abdeslam: les avocats du terroristes ne veulent plus le défendre

Salah Abdeslam: les avocats du terroristes ne veulent plus le défendre

Les avocats de Salah Abdeslam ont expliqué avoir abandonné le dossier du terroriste. L'homme se terre dans un silence qui rend impossible leur travail.

Salah Abdeslam est toujours enfermé dans la prison de haute sécurité de Fleury-Mérogis. Mais celui-ci se terre dans le silence face à la justice. Un homme muet qui a pour don d’agacer les deux avocats qui ont préféré abandonner dans cette affaire. « Pour assurer la défense d’un homme, il faut être deux, l’avocat et l’accusé », lâche Franck Berton dans une interview à l’Obs. Il ajoute ensuite que « Salah Abdeslam ne collabore plus. A partir du moment où pour les deux derniers interrogatoires, ainsi que le prochain prévu fin novembre, cet homme a choisi de se murer dans le silence, mon rôle cesse. Il n’a plus de sens ».

L’avocat français est soutenu par son homologue Belge Sven Mary, lui aussi interrogé par l’Obs: « Nous ne pouvons simplement pas porter la parole d’un homme qui se tait. C’est une décision que nous avons mûri avec le temps. Ce dossier était pourtant une affaire à laquelle je tenais parce qu’elle est inédite ».

L’étiquette d’avocat de terroriste colle à la peau

Il faut avouer que prendre la défense de Salah Abdeslam est une chose risquée. En effet, les deux avocats ont été mis sur le devant de la scène. Mais cette position n’a pas toujours été facile. « Je peux me retrouver vilipendé, insulté, assimilé à mon client par une couche de la population. Être seul contre tous ne me dérange pas. Du moment que je porte la parole d’un homme, mais pas son silence », explique Franck Berton. Défendre un terroriste c’est une chose. Mais lorsque celui-ci ne fait aucun effort, il devient impossible pour les avocats de défendre l’accusé. Une position compliquée qui les met en première ligne. Sven Mary aurait même été agressé en Belgique selon ses dires.

Mais l’avocat français va plus loin et parle même d’une forme de suicide de Salah Abdeslam. « Il a compris que nos chemins devaient se séparer », déclare Franck Berton en annonçant que son ex-client était au courant. Mais cela n’a pas semblait le gêner. « Il a écrit au juge d’instruction pour l’informer qu’il ne veut plus être représenté. Il sait depuis le premier jour où nous nous sommes rencontrés, en avril à la maison d’arrêt d’Anvers, que j’acceptais de le défendre à condition qu’il s’explique sur les attentats de Paris », reprend l’avocat. Celui-ci ajoute même que Salah Abdeslam refuse toute défense, parlant alors de « suicide » judiciaire.

Salah Abdeslam, un jugement plus symbolique que judiciaire ?

Le problème pour les avocats, vient aussi du fait de la symbolique que représente Salah Abdeslam. Il est le dernier terroriste des attentats de Paris encore en vie. Mais selon les hommes de loi, les discours politiques sur le sujet n’aident pas la justice. « Les postures politiques ont à mon sens desservi le combat judiciaire. Salah Abdeslam est devenu le symbole de la lutte anti-terroriste, enjeu présidentiel majeur », lâche Franck Berton à l’Obs. En effet, les moindre faits et gestes du terroriste font généralement la Une de la presse. Son isolement, ses discussion avec les autres détenus, ces « privilèges » en prison… Tant de choses qui rendent une fois de plus sa défense compliquée. Pas seulement pour ses actions terroristes, mais pour la symbolique qu’il représente.

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