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Réforme de l’orthographe: la guerre est déclarée entre les deux camps

Réforme de l'orthographe: la guerre est déclarée entre les deux camps

La réforme de l'orthographe est en train de s'étendre. Si l'Académie Française a affiché son mécontentement, les syndicats lycéens sont malgré tout favorables à cette réforme, bien que jugée faible. Si certains y voit un massacre de la langue française, d'autres y voit une chance d'égalité dans l'éducation.

Nénufar, ognon, chateaux… Pour certains, ces mots sont des fautes d’orthographe grossières… Pour d’autres, ce sont un moyen pour permettre à tous l’apprentissage de la langue française. C’est le cas de l’UNL, le principal syndicat lycéen qui déclare, par l’intermédiaire de son vice-président à MCE, Naïm Shili, qu’ « il faut offrir aux élèves la possibilité de savoir lire, écrire et compter dès la sortie de l’école primaire ». Pour l’UNL, cette réforme de l’orthographe du ministère de l’Education National est un non-événement. « On ne pense pas que c’est un recul de l’apprentissage… Mais on ne considère pas non plus que c’est une avancée », renchérit Naïm Shili, « écrire est une chose qui doit être fonctionnelle, faciliter son apprentissage peut servir à une génération. Si cette réforme n’est pas forcément la bonne, elle a le mérite de poser les bonnes questions sur ce sujet ».

L’Académie Française fermement opposée à cette réforme de l’orthographe

Pourtant, si l’UNL ne défend pas réellement la réforme mais n’y est pas opposé, des défenseurs de la langue Française sont quant à eux choqués d’une telle proposition. Sur son site internet, Avenir Langue Française, le président de l’association ALF, Albert Salon, déclare que « face à la réforme de l’orthographe de 1990 (MM. Rocard et Encrevé) qui refait brusquement surface, nos associations attendent la réponse de l’Académie et se concertent pour adopter une position commune ». Une réponse que les académiciens ont formulé dans une interview accordée au Figaro, dans laquelle, Hélène Carrère d’Encausse, secrétaire perpétuel de l’Académie Française a déclaré que : « l’Académie française s’oppose à toute réforme de l’orthographe et n’est pas à l’origine de celle qui doit être prochainement généralisée dans les manuels scolaires ». Pourtant, cette réforme avait été validée il y a près de 30 ans, par 40 immortels de l’Académie française et publiée au Journal officiel il y a 26 ans. Interrogé sur la question, l’Académie Française a déclaré dans un communiqué de presse publié sur leur site : « l’Académie française tient tout d’abord à rappeler qu’elle n’est pas à l’origine de ce qui est désigné sous le nom de « réforme de l’orthographe », dont la presse se fait l’écho depuis quelques jours, et qui devrait être appliquée dans les programmes scolaires à compter de la prochaine rentrée ».

Une guerre culturelle qui soulève les intellectuels français mais pas tous…

Des lycéens plutôt favorables à une réforme de l’orthographe, une Académie Française contre… La discorde est virulente. En première ligne de cette guerre littéraire, les associations de défense de la Langue Française. Contactée par Ma Chaîne étudiante, l’association Défense de la Langue Française, présidée par Xavier Darcos, ancien ministre de l’Education Nationale durant le mandat de Nicolas Sarkozy entre 2007 et 2009, n’a pas souhaité répondre, expliquant que l’exclusivité de leur réponse se ferait dans la revue trimestrielle de l’association qui sortira fin Mars. Nul doute que cette réponse risque d’être cinglante, Xavier Darcos étant un ambassadeur représentant la France auprès de l’OCDE (2005-2007), un ambassadeur pour la politique culturelle extérieure de la France, et fut président exécutif de l’Institut français de juin 2010 à janvier 2015. Il est aussi secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences morales et politiques. Mais surtout, il a été élu à l’Académie française en juin 2013, une institution fortement opposée à la réforme de l’orthographe.

Pour ceux qui semble être les principaux concernés, la question ne semble pas vraiment les perturber. Un professeur d’histoire-géographie, qui a souhaité garder l’anonymat, a déclaré à MCE que, « je ne me suis pas beaucoup penché sur la question, mais pour en avoir parlé avec mes collègues professeur de français, ils trouvent que c’est beaucoup de bruits et beaucoup de choses montées en épingle par des gens qui ne s’intéressent pas à ça habituellement. Avant de crier au « scandale » , il faut voir ce que cela donne dans la pratique ». Contacté par MCE, le syndicat du corps enseignant, SNES, n’a pas répondu.

Une égalité pour l’apprentissage

Une égalité à l’apprentissage. C’est cette avancée que suggère la réforme de l’orthographe et le ministère de l’Education Nationale. Un procédé que comprend Naïm Shili de l’UNL. « Un jeune enfant dysléxique aura plus de difficulté qu’un écolier classique lors de ses contrôles ou examens… », explique le vice-président du syndicat à MCE, « avoir un orthographe simplifié permettra de juger sur le contenu du travail et pas seulement sur l’orthographe. C’est une manière différente de percevoir le travail des élèves ». Malgré tout, selon le Décret n° 2005-1617 du 21 décembre 2005 relatif aux aménagements des examens et concours de l’enseignement scolaire et de l’enseignement supérieur pour les candidats présentant un handicap, lors du baccalauréat, « selon le degré de sévérité et au cas par cas, il peut être demandé : Tiers temps supplémentaires aux épreuves orales et écrites, Ordinateur et logiciel à commande vocale. Aide d’une tierce personne, chargée de lire les énoncés à l’élève dyslexique. Secrétaire chargé non seulement de la même mission mais aussi d’écrire sous la dictée du candidat ».

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