Ancien diplômé de l'ENA, le candidat à la Primaire les Républicains, Bruno Le Maire, souhaite supprimer l'ENA et ce que l'école représente, expliquant qu'elle accapare le pouvoir... Mais de nombreuses personnes le traitent d'hypocrite.
« Il est temps de supprimer l’ENA »… Cette déclaration de Bruno Le Maire apparu dans une interview accordée au Parisien/ Aujourd’hui en France a de quoi faire jaser. Pour certains, comme c’était le cas de Jean-Jacques Bourdin sur RMC, c’est avant tout une proposition démagogique. Même principe chez le Figaro qui juge cette position du candidat à la Primaire les Républicains comme étant un moyen de monopoliser l’espace médiatique en pleine période de rentrée scolaire. L’ENA, l’Ecole Nationale de l’Administration, a rempli sa tâche selon Bruno Le Maire qui explique que l’institution « a rempli son office pendant des années, formé des fonctionnaires de grande qualité. Mais nous entrons dans un monde nouveau: celui des entrepreneurs, de la créativité, de l’innovation ». Il faut rappeler que le candidat à la Primaire les Républicains est sorti de l’ENA, comme une majeure partie de la classe politique française. Malgré tout, l’ENA ne sera pas totalement supprimé s’il est élu, car il souhaite tout simplement remplacer l’école administrative par « une école d’application sur le modèle de l’Ecole de guerre, à laquelle les hauts fonctionnaires les plus méritants pourront avoir accès au bout de dix ans pour leur permettre de franchir une nouvelle étape dans leurs parcours professionnel ».
Le candidat à la Primaire les Républicains veut-il faire de l’anti-système ?
Bruno Le Maire ne s’est même jamais caché d’être un « pur produit du système ». Lui qui est diplômé de l’ENA, de l’ENS et de Sciences po Paris, il explique dès 2014 qu’il ne renie « ni mes diplômes ni mes études qui m’ont demandé des sacrifices considérables. Mais il faut être un pur produit du système pour comprendre comment on a confisqué le pouvoir aux Français et pour réformer ce système en profondeur », note le Figaro. Celui qui incarne le renouveau du parti lors de la Primaire les Républicains prend alors une nouvelle posture, celle du candidat anti-système, mais pourtant dans un parti que l’on pourrait considérer comme traditionnelle. L’ENA ne s’est d’ailleurs par manifester. Sa directrice, Nathalie Loiseau, n’a pas voulu réagir suite à cette frasque du candidat à la Primaire les Républicains. Mais de nombreuse personnes se sont soulevées suite à cette proposition, allant même jusqu’à voir Bruno Le Maire comme un hypocrite.
Bruno Le Maire est hypocrite et démago ?
« Le Maire passe pour un candidat sérieux, plutôt mainstream. Ce n’est pas Mélenchon ou Cheminade. Là, il se rapproche de Sarkozy en cautionnant le message qui consiste à taper sur les élites », explique une élève de l’ENA contacté par Marianne, ajoutant que « c’est totalement démago et assez hypocrite venant de lui ». La ministre de la fonction publique, Annick Girardin, qui est aussi tutelle de l’École, a attaqué le candidat de la Primaire les Républicains dans une interview à La Croix: « L’ENA demeure une école d’excellence. À preuve : les entrepreneurs – auxquels Bruno Le Maire fait si souvent référence – cherchent à s’attacher les services des anciens élèves ». Elle a ensuite ajouté que « ce n’est pas tant l’ENA en tant que telle, mais les clans formés par d’anciens de ses élèves qui servent de repoussoir à une partie de la population. L’essentiel, c’est de se demander comment les énarques doivent rendre à l’État le temps qu’il a investi en eux durant leur formation ; comment lutter contre le pantouflage et les conflits d’intérêts ».
Tags : bruno le maire