Une campagne d'affichage de Médecins du Monde a été boycottée ce lundi par les entreprises d'affichage craignant de froisser l'industrie pharmaceutique.
Les lobbys pharmaceutiques n’ont même plus besoin d’agir. Seule la crainte de leur réaction suffit à faire boycotter une campagne d’affichage. C’est ce qui est arrivée à la campagne de Médecins du Monde dénonçant les prix « révoltants » des médicaments. Elle devait débuter ce lundi dans les métro et abribus, mais il n’en sera rien. La campagne a été refusée par l’ensemble des réseaux d’afficheurs qui craignait des réactions négatives de la part de l’industrie pharmaceutique. Le Dr Maguet, responsable à MDM de cette campagne a décidé de dénoncer ce boycott.
La crainte de froisser l’industrie pharmaceutique
En recevant les visuels de la campagne de Médecins du Monde, Médiatransport a décidé de consulter l’Autorité professionnelle de régulation de la publicité qui n’a pourtant aucun pouvoir contraignant. « Nous attirons tout particulièrement votre attention sur le risque de réactions négatives que pourrait susciter l’axe de communication choisi, de la part des représentants de l’industrie pharmaceutique. En effet les entreprises ainsi mises en causes pourraient estimer qu’une telle campagne porte atteinte à leur image et leur cause un grave préjudice et décider d’agir en ce sens », a ainsi expliqué l’APRP dans leur réponse publiée par Les Inrocks. Sur ces conseils, Médiatransport a décidé de refuser la campagne de MDM. Mais l’histoire ne s’arrête pas là. L’ONG a tenté de solliciter d’autres afficheurs comme JC Decaux, ou encore le réseau d’affichage Insert. Mais tous ont refusé la campagne d’affichage.
La campagne de Médecins du monde volontairement provoquante
Cette campagne appelle au gouvernement à prendre ses responsabilités et à rendre accessible les traitements à l’ensemble des citoyens. Pour Olivier Maguet, ces prix « exorbitants mettent en danger le système de santé et on a déjà assisté au rationnement du traitement efficace de l’hépatite C pour la première fois de notre histoire ». Avant d’ajouter en évoquant les nouveaux traitements du cancer : « cette tendance à l’inflation des prix ne fait qu’augmenter et la Sécurité sociale peut de moins en moins payer ». Mais les slogans parfois jugés trop cyniques ne sont pas passés. « Le cancer du sein, plus il est avancé, plus il est lucratif » ou encore « Une épidémie de grippe en décembre, c’est le bonus de fin d’année qui tombe », dénoncent ainsi les profits réalisés par les industriels du médicament. Philippe Lamoureux, directeur de Leem, l’organisation qui rassemble les industriels du médicament, interrogé sur FranceInfo ce matin s’est dit scandalisé. Selon lui cette campagne de Médecins du Monde, « franchi un pas dans l’outrance et la caricature ». Il a donc apporté son soutient aux afficheurs ayant refusé de relayer les slogans volontairement provocateurs de l’ONG. Il dénonce également une campagne « trop loin dans le dénigrement et la diffamation ». Malgré le boycott, la polémique aura permis à Médecins du Monde de médiatiser sa campagne.