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Debout Education Populaire: découverte de ce nouveau mouvement citoyen (Reportage)

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Après Nuit Debout, un nouveau mouvement est né place de la République. Debout Education Populaire promeut un partage des connaissances libre et pour tous.

C’est comme si rien ne s’était passé place de la République, dans le 10ème arrondissement de Paris. Après que les CRS ait rasé le « Village » de Nuit Debout, la place a retrouvé son calme habituel. Les touristes prennent en photo la célèbre statut orné des hommages aux victimes des attentats de novembre 2015, les skaters naviguent en arc de cercle le long de la place. Les bourrasques de vent sont les seules à venir bouleverser ce calme plat. L’unique rappel de Nuit Debout reste inscrit sur le pavé. Les tags qui jonchent le sol de la place témoignent de la présence du mouvement durant les deux dernières semaines.

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Mais un autre détail sort plus de l’ordinaire: une quinzaine de groupes de CRS parsèmes la place. Par groupes de 3 ou 4, ils quadrillent l’espace, comme pour ne rien laisser passer. Cette présence des forces de l’ordre tranche avec le calme qui règne dans l’endroit qui a accueilli les tentes des protestataires de Nuit Debout. Les CRS donnent leur chemin aux touristes ou expliquent la situation à des badauds. On est loin du chaos révolutionnaire. Le premier soubresaut survient vers 13 heures, l’arrivée d’un groupe de punks à chiens bières à la main vient mettre un peu d’ambiance. « On lâche rien ! On lâche rien ! On lâche ! » scandent-t’ils. C’est avec dérision qu’ils vont s’installer au pied de la statue de la République, sous les yeux attentifs des forces de l’ordre.

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« Partageons nos savoirs place de la République »

Vers 13h30, la formation d’un petit groupe de jeunes près d’un lampadaire attire l’attention des policiers. Une dizaine de personnes s’affairent avec des affiches et des cordes. Tous ont des stickers bleus collé sur la manche. Ce sont les organisateurs de Debout Education Populaire. Ce mouvement crée en marge de Nuit Debout (sans en être totalement indépendant) propose toute la journée de suivre des conférences-débats sur des thèmes bien précis. Par session d’une heure, ces réunions de transmissions de connaissances s’étalent de 13 à 19 heures. Ce mouvement pourrait donner une second souffle à Nuit Debout qui semble manquer un peu d’oxygène, il a en tout cas la vertu de vouloir créer le dialogue.

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« Partageons nos savoirs place de la République. Debout Éducation Populaire est une initiative citoyenne qui s’est constituée vendredi 8 avril sur la Place de la République. Nous vous proposons des échanges depuis dimanche 10 avril afin de proposer une forme alternative de circulation des savoirs et des connaissances de chacun(e) ». C’est la description que fait de lui même ce mouvement sur sa page Facebook. Le programme des séances est instauré à l’avance et disponible en ligne. Lundi 11 avril, les passants pouvaient apprécier une analyse du mythe de Sisyphe d’Albert Camus. Aujourd’hui au programme, une intervention du groupe « Stop Harcèlement de rue », puis des séances sur la crise de la vérité et de la nécessité d’un nouveau contrat social. Ces sessions de transmission libre de connaissances sont basées sur l’égalité, « l’intervenant ne doit en aucun cas s’exprimer en tant qu’expert » affirme un organisateur à MCE.

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Debout Education Populaire, un mouvement citoyen ouvert à tous

Ce sont principalement des étudiants qui sont à l’origine du mouvement Debout Education Populaire, « on est tous des élèves de facs, moi de Paris 1, et on a toujours voulu lancer un système d’Education Populaire ouvert à tous. Mais c’est très difficile à organiser en université. » Et concernant les intervenants, « nous avons contacter des maîtres de conférence, pour lancer le mouvement ». Les intervenants ne sont pas forcément des professeurs mais doivent se soumettre à certaines conditions, pour que le « cours-dialogue » soit un minimum cohérent et structuré.

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Après avoir commencé à rédiger les panneaux et installer les affichages, les organisateurs de Debout Education Populaire déchantent. La journée commence mal, « le premier intervenant ne s’est pas présenté. Le début est donc reporté à 14 heures » annonce une organisatrice. Et comme un « malheur » n’arrive jamais seul, c’est au tour des CRS de venir freiner l’installation du groupe, « on a des consignes, vous pouvez vous regrouper mais n’affichez rien ». Les organisateurs mettent avant le programme des sessions, « c’est juste ça… », même réponse: « on est avec vous, pas contre, mais pas d’affiches c’est tout ». Une des étudiantes se confie, « c’est à cause des violences d’hier ».

« Besoin de monde, la répression policière est forte. »

Mais ce n’est pas fini quelques instants plus tard, les CRS ont une nouvelle mauvaise nouvelle. « Ils nous ont dit qu’on avait pas le droit d’occuper la place… On pourra organiser quelques chose qu’à partir de 17 heures ». Les organisateurs de Debout Education Populaire ne perdent pas espoir et s’affairent à tout mettre en place pour 17 heures, rien ne les arrêtera, pas même la pluie qui se met à tomber sur la place de la République. Après un temps de battement, ils annoncent enfin un retour du programme normal à 15 heure, avec un appel lancé sur les réseaux sociaux, « Besoin de monde, la répression policière est forte. »

Crédits photo: M.P. pour MCE

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