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Double meurtre de Montigny-lès-Metz : Francis Heaulme va être rejugé

Le tueur en série Francis Heaulme a été renvoyé jeudi devant les assises, par une décision de la chambre de l’instruction de la Cour d’Appel de Metz, bien qu’il ait toujours nié le double meurtre de Montigny-lès-Metz

Surnommé le « routard du crime », le tueur en série a été renvoyé devant les assises pour un quatrième procès dans cette affaire, après avoir été confronté, par la chambre d’instruction, à Jean-François Abgrall, le gendarme qui l’avait fait passer aux aveux dans plusieurs dossiers. L’accusé souhaite malgré tout se pouvoir en cassation. A la formulation de ce pourvoi, la chambre criminelle de la Cour de cassation aura trois mois pour se prononcer sur la recevabilité de ce dernier et ainsi statuer sur la tenue ou non de ce procès aux assises. Les corps de Cyril Beining et Alexandre Beckrich avaient été retrouvés dans la soirée du 28 septembre 1986 le crâne fracassé à coups de pierre sur le talus d’une voie ferrée proche de leur domicile, dans la banlieue de Metz, où ils étaient venus jouer. Francis Heaulme, condamné à la prison à perpétuité pour neuf meurtres, a toujours affirmé ne pas être l’auteur du double meurtre des deux garçons de huit ans. C’est Patrick Dils, à l’époque âgé de 16 ans, qui avait été le bouc-émissaire de cette affaire monstrueuse.

« On m’a traité comme le pire monstre sur terre »

Condamné injustement à 15 ans de prison en 1986, puis innocenté en appel à Lyon, en 2002, Patrick Dils à réagi suite à cette annonce : Je ne saute pas de joie au plafond mais je suis satisfait que la justice persévère et qu’elle aboutisse à quelque chose de concret, a-t-il déclaré au micro d’Europe 1. Pour définitivement tourner la page, Patrick Dils a besoin de connaître la vérité : C’est bien pour les familles des victimes mais aussi pour moi car je veux savoir ce qui s’est passé sur ce talus le 28 septembre 1986 et pourquoi j’ai perdu quinze ans de ma vie dans cette procédure. Néanmoins, l’homme aujourd’hui âgé de 42 ans nuance son propos, car il sait combien il est difficile d’être accusé avant même qu’un procès ait eu lieu : Quel que soit l’individu, on n’a pas le droit de dire qu’il est coupable. Il doit bénéficier de la présomption d’innocence jusqu’à la fin, même Francis Heaulme. On a tous notre point de vue, mais ça sera à la justice de trancher. A l’époque je n’ai pas eu le droit à la présomption d’innocence, on m’a montré du doigt, traité comme le pire monstre sur terre alors que j’étais parfaitement innocent. Aujourd’hui, je ne ferai pas cette erreur, a-t-il dit.

Des détails troublants

Dans son livre autobiographique Je voulais juste rentrer chez moi, paru en 2003, Patrick Dils évoquait déjà la possibilité que Francis Heaulme soit l’auteur de cet effroyable crime. Découvert sortant des bois non loin des lieux du crime, l’air paniqué et couvert de sang par deux pêcheurs, Francis Heaulme avait effectivement été suspecté. Mais l’homme n’a jamais avoué aucun de ces deux meurtres. Selon Patrick Dils, c’est la soeur de Francis Heaulme qui serait à l’origine de ce silence : maman de deux petits garçons, neveux de Heaulme et dernières personnes à lui rendre visite en prison, elle aurait juré de ne plus jamais retourner le voir s’il était l’assassin de ces deux enfants, qui lui rappelaient ses fils.

De son côté, la gendarmerie a estimé que le double meurtre portait sa quasi-signature criminelle.

Lauren Clerc

Photo DR @Max PPP

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