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Affaire du 69 rue de Sèvres : prendre aux pauvres pour donner aux riches

Huit jeunes précaires condamnés à payer 80 000€ à la propriétaire d’un immeuble vide depuis plus de 10 ans dans le 6e arrondissement de Paris. Audience décisive jeudi 21 février à 14h, Palais de Justice de Paris, pôle 4 chambre 3

L’histoire est tellement caricaturale qu’on croit à un mauvais rêve. Pourtant, les pauvres comptes en banque des huit étudiants et jeunes précaires ont bel et bien été bloqués par décision de justice, et leurs bourses d’études ont atterri dans la poche d’une dame aisée, domiciliée en Belgique, et propriétaire de plusieurs immeubles vides depuis des décennies, d’une valeur de quelques millions d’euros. Ainsi, l’immeuble du 69 rue de Sèvres, 5 étages en face du Bon Marché, dans le très chic 6e arrondissement Parisien, était vide depuis plus de 10 ans quand les jeunes mal-logés s’y sont installés en avril 2008 pour quelques mois.

Ils ont rafraîchi les plâtres, posé des robinets neufs, proposé de payer un loyer à propriétaire. En réponse, celle-ci les a attaqués en justice pour leur demander la bagatelle de 300 000 euros. Finalement ils seront condamnés à lui verser 80 000€, en dédommagement pour la « valeur locative » de l’immeuble. Problème : la propriétaire n’a jamais mis la moindre annonce de location ni envisagé les travaux nécessaires, et ce ni avant ni après l’occupation des squatteurs, expulsés voilà bientôt 4 ans et toujours exposés aux saisies bancaires ou mobilières.

Jeudi 21 février se jouera le dernier acte de cette tragi-comédie. La cour d’appel examinera le recours des jeunes précaires, tandis que la propriétaire demandera le triplement de la condamnation.

Pour le collectif Jeudi-Noir, ce procès symbolique est emblématique d’une situation où les mal-logés et les jeunes sont écrasés par le prix des loyers urbains et des propriétaires souvent impitoyables.

A l’heure où le gouvernement envisage de réquisitionner une pincée de logements vides et d’encadrer (sans qu’on sache bien à quel niveau) les loyers, la justice consacrera-t-elle une nouvelle fois le droit de ne rien faire de ses immeubles ? Brisera-t-elle les jeunes qui ont voulu échapper à une situation injuste ?

Réponse jeudi 21 février à 14h, Palais de Justice de Paris, pôle 4 chambre 3.

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