Netflix a récemment accueilli deux fictions sur les relations toxiques, à savoir You et Dirty John. Mais laquelle reste la plus dérangeante ?
Jamais les charmants fêlés au dessein peu catho n’auront autant été à la mode. Depuis décembre dernier, Netflix accueille You, série narrant l’amour fou de Joe envers la jolie Beck. Un coup de foudre qui réveillera les pires instincts du libraire, ne voyant que peu de problèmes à occire tous ceux qui pourraient empêcher leur union. Puis, en février, la firme de Los Gatos ajouter à son catalogue Dirty John. Ou comment Debra, riche mais seule quinqua tombe en quelques jours sous le charme de John, médecin et gentleman comme on n’en fait plus.
Mais qui, de toute évidence, n’est pas avec l’architecte que par bons sentiments. Nombre de nos confrères ont rapproché les deux programmes, tant les points communs sont nombreux. Le plus flagrant étant la menace du genre masculin dans chaque relation passée à la loupe. Mais laquelle de ces deux séries You VS Dirty John vous fera le plus douter de votre prochain date Tinder ? MCE compte les points !
You et Dirty John: Joe et John, deux « romantiques »
D’abord, et s’il est tentant de comparer les deux hommes – jusqu’à leur nom, Joe et John étant proches – ils n’ont que peu en commun. Joe est persuadé d’être un grand romantique, aux idéaux nourris par les livres. Il est totalement fou de Beck, et cet amour vire à l’obsession malsaine. Si Joe reste persuadé d’être un chevalier servant, il est aussi un sacré pervers. Voleur invétéré de petites culottes, il prend même le risque de se masturber en bas de la fenêtre de sa douce et tendre. Un Cyrano de Bergerac version branlette qui laisse pantois ! Sans évoquer son côté control freak poussé à l’extrême (euphémisme). Qui entraînera le jeune homme à se salir les mains plus d’une fois pour pousser vers la sortie un entourage qu’il juge toxique…
John sait aussi se montrer serviable et romantique. Aux petits soins pour Debra, il redouble d’attentions. Jus de fruit fraichement mixé tous les matins, bons repas, il est présent à chaque moment de sa journée. Et, comme Joe, il est foutrement maniaque. Sans être obsédé par sa femme, il assure sur elle un contrôle et une influence constante. Quitte à, par exemple, imposer des caméras dans toute leur maison. Toutefois, on peut sincèrement se demander si John est amoureux de Debra. Ou si, à minima, il a quelques réels sentiments pour elle. La question se posera tout au long des huit épisodes, mais aucune réponse ne sera apportée. Car au fond, sans doute que John lui-même ignorait la vérité…
You, une série plus candide
Incontestablement, Joe est bien plus dangereux que John – il aurait d’ailleurs été amusant de voir les deux hommes se rencontrer dans un cross-over ! Joe reste persuadé de faire les choses « bien ». Par amour pur. Et a tout de même un petit paquet de meurtres sur son CV.
John n’est, au fond, qu’une petite frappe au lourd passé familial. Un malfrat de bas étage. Qui est esclave de son addiction à la drogue et son besoin permanent de d’argent. Mais lui, au moins, a conscience de tout ce qu’il fait, tout ce qu’il orchestre. John n’ira pas au paradis et il le sait. Manipulateur, il fait du mal aux gens qui l’aiment en toute âme et conscience. Ce n’est que poussé dans ses derniers retranchements, animé par le désespoir qu’il devient vraiment terrifiant. Et capable de violence sur autrui, femmes comprises.
Mais avant d’en arriver là, John se montre comme un escroc hors-pair. Fourbe, intelligent et érudit, chaque décision de Debra (le mariage rapide, la distance prise avec la famille) fait pleinement partie de son plan bien rodé. Debra n’a pas été choisie ou charmée par hasard. Il était au fond impossible pour elle de résister à cet homme correspondant à chacun de ses idéaux, surtout après quatre mariages ratés. Joe, lui, semble névrosé, paumé et candide. La preuve : avant Beck, il y a eu Candace, chanteuse de bar qui lui a brisé le cœur. Et après Beck ? Y en aura-t-il une autre ? Incontestablement. Joe n’est pas amoureux de chacune de ces filles mais de l’amour. Ou plutôt du sentiment d’être amoureux. D’où ses fixettes qui s’enchaînent.
Dirty John reste inspiré de faits réels…
Il serait donc logique de conclure ce petit combat par une victoire écrasante du libraire, édifiant à souhait. Sauf que You reste un modeste thriller inspiré du roman à succès « Parfaite ». Une fiction, versant dans le soap. Qui, à bien des égards, peut renvoyer à certaines vraies relations toxiques. Mais se cantonne au fond à un divertissement, à un Gossip Girl plus adulte. Dirty John, elle, est inspirée de faits réels. Et si la série romance bien des scènes, elle s’attache aux faits avec fidélité. John n’a rien d’un monstre de fiction mais un pourri qui pourrait tout à fait être votre voisin, votre collègue voire même… votre futur (actuel ?) copain. Et rien que pour ça, Dirty John est bien plus terrible que la jouissive mais souvent too much You. Brrrr…
Mélissa Chevreuil
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