Culture
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Toni Servillo: « ‘Les Confessions’ est un film qui donne sa chance au bien »

INTERVIEW - Dans le cadre de la promotion du film "Les Confessions", MCE a rencontré Toni Servillo, grand acteur italien affectionnant la France.

Dans « Les Confessions », thriller de l’italien Roberto Andò, Toni Servillo occupe le rôle central d’un moine aux côtés de notre national Daniel Auteuil. Nous avons rencontré l’acteur très connu dans son pays, que vous avez pour votre part peut-être aperçu dans « Il Divo » ou encore « Viva la libertà »

L’interview

Pouvez-vous nous résumer l’intrigue du film « Les Confessions »?

Toni Servillo : « Les Confessions » est une sorte de thriller de l’âme. Les circonstances sont la réunion du G8 où le président du FMI est interprété par Daniel Auteuil. Il y invite ainsi une liste assez étrange de personnes : une rockstar, une écrivaine mondialement célèbre spécialisée dans les livres pour enfants, et, encore plus surprenant, un moine. Par la suite, on comprend qu’il veut se confesser à ce dernier et que c’est la raison de sa venue. Suite à leur conversation, durant la nuit, le président du FMI se suicide. Tout le monde pense donc que pendant la confession, il a livré au moine un secret qui y serait lié. Le moine ne veut évidemment pas le donner. Et en fait, dans cette atmosphère de thriller, on se rend compte que finalement, la question importante n’est pas celle du secret, mais celle de l’opposition de deux visions du monde : celle qui pense qu’on peut tout acheter, être propriétaire de tout, et celle du moine qui pense qu’en étant propriétaire de rien, on passe une plus belle vie.

« Je pense qu’il y a des tas de cas où il y a eu des gens qui ont eu l’intention de manipuler la démocratie. »

Pensez-vous que dans la réalité, il y ait aussi ce genre de rassemblements qui veulent secrètement manipuler la démocratie ?

Toni Servillo :
Oui, je pense qu’il y a des tas de cas où il y a eu des gens qui ont eu l’intention de manipuler la démocratie. Cela s’est ainsi avéré vrai dans le passé. Aujourd’hui, c’est encore vrai, je pense. Mais les gens qui font ça doivent avoir un problème avec leur âme. Il se trouve que dans le cas présent du film, tous ces ministres se trouvent dans des états de conscience assez compliqués, et profitent donc de la présence de ce moine pour apaiser leur conscience…

Pourquoi avoir accepté le rôle de ce moine ?

Toni Servillo :
Ça m’a semblé être un rôle extrêmement original. C’était une sorte de défi d’avoir une grandiloquence dans un rôle qui était très silencieux, donc d’avoir une forme de présence magnétique. Et j’espère l’avoir réussi.

Pourquoi pensez-vous qu’il est important que les gens aillent voir ce film ?

Toni Servillo : Je pense que c’est un film qui pose deux questions essentielles : la première c’est la question de donner une possibilité au bien. Donner la chance au bien de toujours avoir sa place dans la société. La deuxième question, c’est ce sentiment diffus d’indifférence, généralisé dans la société. Mais à ce sentiment d’indifférence, on peut toujours opposer un autre sentiment qui est celui de la pitié.

« À toutes les souffrances autour de nous, on ne répond pas par le sentiment de pitié qu’on devrait avoir. »

Pensez-vous que l’on manque d’humanité aujourd’hui ?

Toni Servillo : Je crois qu’on a sous nos yeux une situation préoccupante. Car à toutes les souffrances autour de nous, on ne répond pas par le sentiment de pitié qu’on devrait avoir. Il suffit de voir tous ces gens qui traversent la méditerranée qui ne sont pas reçus. Au contraire, l’occident élève ses frontières pour les empêcher de passer. Alors que ce sont des gens qui fuient la guerre ou la faim !

Comment s’est passée la collaboration avec Daniel Auteuil ?

Toni Servillo : C’était pour moi un honneur de jouer avec Daniel Auteuil. En Italie, c’est quelqu’un qui est admiré à l’égal de son talent. Et de son humanité. Ce n’est pas tous les jours que l’on peut travailler avec un comparse que l’on apprécie tant.

« Jean Dujardin a parmi sa force d’être un acteur extrêmement mobile »

Vous avez aussi joué avec Jean Dujardin dans « Balcon sur mer ». Quel est votre avis sur cet acteur français ?

Toni Servillo : C’est un homme très sympathique et je pense donc qu’il a parmi sa force d’être un acteur extrêmement mobile. Il sait jouer de tous les registres. C’est quelqu’un qui est aussi doué quand il s’agit de jouer la comédie que pour le drame, et dans le cas de ce film en particulier, il a eu beaucoup de talents dramatiques.

Avez-vous d’autres projets à venir avec la France ?

Toni Servillo : Il y en aura peut-être en cinéma, mais pas tout de suite. Dans l’immédiat, je suis concentré sur le théâtre.

Où peut-on vous retrouver ?

Toni Servillo : Au théâtre Athénée, où je mets en scène une pièce tirée de la Comédie classique de Louis Jouvet, Elvira.

Et de Molière, dont il maitrise un peu la langue. L’acteur italien nous dira en effet quelques mots en français à la fin de l’interview, nous racontant qu’il l’a appris à l’époque du collège, et que c’est un peu resté. On devine en parlant à Toni Servillo son attachement et sa sympathie pour la France ; peut-être reverra t-on bientôt l’homme au cigare dans un film français ? Rien n’est encore dit. En attendant, rendez-vous en salles voire « Les Confessions », sur nos écrans depuis le 25 janvier.

Ecrit par Mandi Heshmati

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