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Grey’s Anatomy: pourquoi la série médicale pourrait bien ne jamais s’arrêter

Ou comment Grey’s Anatomy pourrait bien égaler voire surpasser la longévité des Feux de l’Amour, la série pourrait ne jamais s'arrêter !

Comme increvable. Après quatorze années de bons et loyaux services, les docteurs du Grey-Sloan Memorial Hospital ne semblent pas toujours pas prêts à ranger leur blouse au vestiaire. Si bien que sans surprise, la série Grey’s Anatomy reviendra pour un quinzième ( !) tour de piste. Un record d’autant plus remarquable quand on sait que l’épisode inaugural a été lancé en 2005. Soit un an après le lancement de fictions cultes comme Lost, Dr House ou Desperate Housewives. Sauf que ces dernières sont toutes passées de vie à trépas, de façon plus ou moins funeste. Mais quel peut bien être le secret de l’insolente longévité de la série estampillée Shonda Rhimes ? Eclairage.

Des cas médicaux toujours plus extrêmes

Tout d’abord, difficile de ne pas évoquer sa dimension médicale. L’histoire cathodique ne l’a que trop prouvé. Avec, au hasard, Urgences, Dr House déjà cité plus tôt ou, plus récemment, The Good Doctor. Les (télé)spectateurs sont d’inconditionnels férus de mystères médicaux aussi impressionnants que terrifiants. Et l’équipe de Meredith Grey ne manque jamais de cas complexes.

On vous rappellera à votre bon souvenir la patiente au sang toxique, faisant tomber toute l’équipe hospitalière comme des mouches. Celui qui avait un poisson dans le pénis (oui, vous avez bien lu). Ou, acmé de l’horrifique, le patient qui souffrait de verrues faisant ressembler son corps à un arbre. Rien que d’y penser, l’auteure de ces lignes, froussarde assumée, en a la chair de poule… Bref, largement de quoi satisfaire notre fascination morbide pour les patients aux maux extrêmes.

Grey’s Anatomy, une série comique et caustique

Toutefois, ce n’est pas uniquement avec ses opérations tape-à-l’œil que Grey’s Anatomy a su se faire une place au soleil. La fiction doit aussi beaucoup à son ton, souvent cynique sans jamais totalement basculer dans l’humour noir. Figure de prou de ce second degré singulier, Cristina Yang. Ou le moteur comique et caustique (oh, ça rime) des onze premières saisons. Qu’on se le dise, le personnage n’avait pourtant rien de télégénique. Jeune femme autoritaire voire castratrice, prétentieuse car trop sûre d’elle, pédante… Le docteur Yang cumulait les tares.

Et c’est bien pour cela qu’elle est rapidement devenue le personnage doudou des aficionados. Terriblement humaine et donc attachante, le protagoniste était une machine à punchlines macabres, mais pas que. Féministe sans y toucher, celle qui a fait de la cardio sa spécialité était aussi un personnage terriblement moderne. Forte et indépendante, elle a exprimé à l’envi son refus d’avoir des enfants, préférer son parcours professionnel. « On sait ce qui arrive aux internes enceintes. Je ne veux pas aller à la brigade des vagins. Je suis trop talentueuse pour ça : la chirurgie, c’est ma vie » lâchait-elle le plus sérieusement du monde !

Grey’s Anatomy, digne héritière des Feux de l’Amour

Enfin, le programme doit beaucoup à son essence soapesque. Feux de l’Amour des temps modernes, Grey’s Anatomy a hérité de tout ce qui fait la sève de la série qui fait, encore aujourd’hui, les beaux jours de TF1. Si le schéma de chaque épisode se répète quasi inlassablement, difficile de dire que l’on s’ennuie face aux différentes péripéties d’Alex, April et consorts.

En même temps, comment pourrait-on ? À chaque saison, l’hôpital se transforme en Hiroshima, collectionnant les intrigues abracadabrantesques ! Une bombe y a explosé. Une prise d’otage, coûtant la vie à plusieurs victimes, a eu lieu. Sans oublier un petit incendie, histoire de se mettre en jambes. Et quand nos toubibs de choc ont le malheur de quitter leur zone de confort, les problèmes prennent une gravité bien supérieure. Entre crash d’avions et accidents de la route à répétition (RIP docteur Mamour, petit ange au brushing impeccable parti trop tôt), les chirurgiens ont la poisse dans le sang.

Ce qui ne les empêche pas de s’aimer (ça jamais) et croquer la vie à pleines dents (ça toujours). Ainsi, on ne compte plus les couples qui se formés puis déformés au gré des chapitres. Alors, certes, certains se veulent iconiques (Meredith et Derek, Arizona et Callie, Alex et Izzie). Mais d’autres nous laissent toujours un peu plus pantois (Jackson et Stephanie, Jackson et Maggie, Jackson et n’importe qui en fait). Même si, au fond, qu’importe : tout le monde finit toujours par se passer dessus (ou dessous). Sans état d’âme. Après tout, « Aimez-vous les uns les autres » comme dirait Jésus dans l’Évangile de Jean. Mince, qui aurait cru que nos médecins étaient finalement si pieux ?

Mélissa Chevreuil

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