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Charmed: le reboot est-il vraiment la purge si redoutée ?

Particulièrement attendue par les fans, cette nouvelle mouture de Charmed est-elle le désastre annoncé ? MCE vous donne son verdict !

Les sorcières ont le vent en poupe. Il suffit d’observer Netflix qui a dégainé le 26 octobre dernier son reboot de Sabrina l’apprentie sorcière. Ou la chaîne américaine The CW qui propose aux sérivores une nouvelle lecture de Charmed. Un pari sacrément osé qui n’avait pas manqué de faire hurler la toile, causant une véritable bronca. Il faut dire que la fiction d’origine a bercé le début des années 2000. En France, nombre d’amateurs ont été biberonnés par la « Trilogie du samedi », leadée par Charmed donc. Les sœurs Halliwell sont rentrées dans la légende cathodique, pour le meilleur comme pour le pire. Cette nouvelle itération peut-elle nous faire oublier Prue, Piper, Phoebe et Paige ? MCE vous dit tout.

Charmed 2018, ou rien de neuf sous le soleil

À l’écriture de ces lignes, votre fidèle serviteur n’a vu que les deux premiers chapitres. Assez pour se faire un avis. L’inaugural étant un copié/collé du pilote de Charmed version 1998. Oubliez donc les prénoms en « P ». Le spectateur fait la rencontre de Maggie, Mel et Macy, les nouvelles voix du « pouvoir des trois ». Qui elles-mêmes font connaissance avec leur pouvoir, à savoir celui de figer le temps. La télékinésie. Ou celui de pouvoir lire dans les pensées. Sans oublier leur être de lumière, le dandy british Harry, bien plus loquace que le fut Léo. Bref, pas beaucoup de changement sous le soleil dans la forme. Mais dans le fond ?

Si elles ont quasi hérité des mêmes pouvoirs que les sœurs Halliwell, Maggie, Mel et Macy ont aussi beaucoup de leur personnalité. Maggie est la plus responsable et la plus colérique, comme Prue. Mel une Phoebe bis, positive mais naïve. Quand Macy se veut être à mi-chemin entre les deux, à la fois sage, les pieds sur terre (elle est scientifique) mais aussi très émotive. Les actrices remplissent leur part du contrat et, fort heureusement, n’en font pas des caisses comme pouvaient jadis le faire Alyssa Milano ou Shannen Doherty. Ce qui avait toutefois son charme, avouons-le… Néanmoins, leur personnage reste très lisse et assez creux.

Charmed : un montage foiré et un discours féministe loupé

La faute à un montage des plus mal dosés, pour ne pas dire frénétique. Les intentions des showrunners ne sont pas toujours claires. Et il semblerait qu’entre sérieux et humour, ils ont refusé de choisir. Résultat, les « gags » tombent systématiquement à plat. Les références à la pop culture, mal placées, exaspèrent. Quand les scènes d’émotions, elles, arrivent toujours en extra, façon cheveu sur la soupe. Sans évoquer la flopée de références à l’actualité…

2018 oblige, cette relecture a été baignée par les mouvements féministes comme #MeToo. Un peu trop sans doute. Tout est prétexte pour évoquer le harcèlement sexuel, la condition des femmes. Le premier épisode donne le ton, et s’intéresse à un professeur accusé d’abus mais rapidement blanchi. Question subtilité, on repassera. Le plus grand problème étant surtout qu’on ne sait jamais vraiment rien de l’affaire…

Même constat en ce qui concerne l’actualité. Charmed 2018 tire à balles réelles sur le Brexit ou Donald Trump, ce que nous ne condamnons pas forcément d’emblée. Bien au contraire ! Mais force est de reconnaître que la manœuvre est foncièrement superficielle. À quoi sert de citer le président américain ici et là comme un démon à vaincre, si ce n’est faire sourire (un peu) le spectateur ? Apporter une réelle réflexion sur la politique outre-Atlantique, voire même encore mieux, insérer cet élément à l’intrigue, voilà qui aurait été infiniment plus pertinent !

Les nouvelles aventures de Sabrina l’emportent

Pour résumé, Charmed version 2018 n’est pas la purge si redoutée mais… reste franchement dispensable. Les épisodes sont aussitôt visionnés, aussitôt oubliés. Le rythme est en roue libre, les informations légion. Le programme souffre d’autant plus de la comparaison avec Les nouvelles aventures de Sabrina, citée quelques lignes plus tôt. Cette nouvelle version, beaucoup plus noire et proche de l’univers Archie Comics, semble susciter l’adhésion du public et de la critique.

Il faut dire qu’elle a osé faire ce que Charmed 2018 a considéré comme interdit : couper le cordon avec la série-mère. S’éloigner pour créer son propre univers. Au fond, on regrette presque que ce récit de sœurs-sorcières ne soit pas une véritable soupe nanardesque. Au moins, la mouture aurait été véritablement drôle, bien malgré elle. Là, elle nous laisse juste sans voix, insensibles. Navrée les frangines, mais la magie n’opère plus.

Mélissa Chevreuil

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