Culture
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Taïro frappe fort avec son nouvel album « Reggae Français » !

Taïro, le boss du reggae français, sort son nouvel album intitulé "Reggae Français" et qui sera dans les bacs le 30 septembre 2016 !

« Est-ce que vous aimez le reggae français ? » Cette question que lance Taïro, lors de ses concerts, reçoit toujours une réponse enthousiaste du public. Il enfonce le clou aujourd’hui, avec son septième album Reggae français. Tout sauf anodin chez un artiste dont la double culture et les convictions humanistes sont à l’opposé des replis identitaires.

Taïro: le boss du reggae français !

Taïro a trouvé, dans le reggae, le moyen de poursuivre le combat de son père. Président de l’Union nationale des étudiants du Maroc lors des manifestations de 1968, ses convictions révolutionnaires lui ont valu quatre années d’incarcération. Sa petite sœur est décédée en prison où elle faisait une grève de la faim.

Parti en France avec de faux papiers, et contraint à l’exil pendant dix-sept ans, il y a rejoint son épouse alsacienne, expulsée du pays avant lui. C’était en 1977. Taïro est né un an plus tard, sous son vrai prénom Ismaël et sous le signe du poing levé. Ses parents se sont séparés alors qu’il n’avait qu’une paire d’années mais il s’est construit de leurs influences à parts égales. Le père était un héros fantasmé alors que sa mère le ramenait à la réalité. Avec le premier, il se souvient des rassemblements des camarades communistes et des fêtes de l’Humanité. De sa mère professeure de sociologie, il a hérité le goût pour la langue française et aussi la révélation de sa future vocation. Entre les Beatles, Jimi Hendrix et Leonard Cohen, il tomba un jour sur Kaya de Bob Marley.

Tairo et le reaggae, une histoire d’amour !

En épousant le reggae, Taïro continue donc de creuser le sillon familial. Les luttes sont les mêmes, seules les armes sont différentes. Pourtant, le destin lui joua des tours, et des détours, par le cinéma notamment. Ismaël avait 13 ans quand sa bouille s’afficha sur les abribus parisiens, à la faveur de son premier rôle dans Le Jeune Werther du réalisateur Jacques Doillon. Même s’il n’a pas persévéré dans la comédie, cette expérience a aussi facilité son contact au public. Ca a forgé sa certitude que tout lui serait possible. Même le reggae, pour lequel il se passionne au même moment. D’abord en assistant à un concert de Roostneg puis aussi en fréquentant le sound system de la péniche Rubis, près du pont de Bercy.

C’est la grande époque du ragga parisien des Daddy Nuttea, Pablo Master, Saï Saï, Raggasonic et Tonton David. Alors que ses potes versent plutôt dans le rap, Taïro adule Sizzla. Il adopte aussi le turban, signe de ralliement symbolique plutôt que religieux de la part d’un jeune homme. Il respecte aussi bien Hailé Sélassié que Jésus et Mahomet. Armé des lyrics militants griffonnés dans sa chambre, Taïro se lance sur la scène de l’Espace Massena. Il s’inspire aussi de Buju Banton, Anthony B, Capleton et Gregory Isaacs, puis monte les Youthmen Ten avec des copains de collège.

Taïro sur la tracklist de Taxi 2 !

Le destin, toujours lui, s’en mêlera alors que le groupe vient de se séparer. Toujours très actif dans les sound systems parisiens, Taïro voit sa carrière décoller. Un sept-titres, enregistré en 2000 dans le studio des Sages Poètes de la Rue, arrive jusqu’aux oreilles d’Akhenaton. Le rappeur d’IAM décide alors d’inclure « L’homme n’est qu’un apprenti » à la BO du film Taxi 2. Enorme succès. Dès lors, multipliant les concerts et featurings (Nuttea, Assassin, Disiz la Peste), Taïro, 20 ans, devient un fer de lance du reggae français. Mais il faudra attendre sept longues années avant qu’il sorte son premier album, Street Tape. Le temps de bien faire les choses.

Alors que le rap français a depuis longtemps trouvé un ton qui l’émancipe du modèle américain. Au point de trôner aujourd’hui en tête des charts, Taïro rêve que le reggae trace lui aussi sa voie indépendamment des icônes jamaïcaines. Une quête qui passe principalement par la langue, le français dont il s’applique à adapter l’écriture aux riddims. Indispensable véhicule des messages qu’il souhaite exprimer. Ce travail, mené au long d’une poignée d’albums dont Ainsi soit-il (2013) qu’il présenta sur la scène de L’Olympia. Cala trouve aujourd’hui tout son sens.

Taïro frappe fort avec son nouvel album « Reggae Français » !

Reggae français n’est pas identitaire, mais bien l’inverse. « La France ne va pas bien mais c’est moi qu’ils veulent soigner », assène Taïro sur « Jet Lag ». Evoquant un pays où l’identité est devenue un problème sous le double effet des politiques boutefeux et du colonialisme économique. Il ne veut pas abandonner la parole aux extrêmes. Sans agiter de drapeau, ni fier ni honteux, dans une relation apaisée avec sa nationalité et sa double culture. Il plaide le respect et la réconciliation. Autre temps fort de l’album, « Un étranger » raconte les discriminations dont souffrent aujourd’hui les migrants comme les enfants d’immigrés.

Des thèmes brûlants, dans un français précis, sur des textes pour la plupart co-écrits avec des auteurs de talent. Le chanteur et son fidèle Family Band nous rappellent que le reggae restera une musique de combat. Mais Taïro sait aussi exalter le sentiment amoureux (« Champion »), exprimer les joies de son parcours (« Au bon vieux temps »). Il souhaite aussi donner des conseils de grand frère (« Nouvelle vie ») et révéler une sensibilité de poète (« Dans les étoiles »). Toutes choses qui font de Reggae français un album chargé de vibrations positives.

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