Culture
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« Boomerang », le documentaire choc sur le chocolat

« Préparez-vous à ne pas grignoter votre friandise comme avant ». C’est l’annonce inquiétante qu’a lancé Daniel Buñuel, à l’origine d’un documentaire exclusif sur l’industrie du chocolat

Alors que l’Europe vit une crise de confiance envers les lobbies de l’alimentation, ce reportage produit par Canal + enfonce le clou. L’enjeu économique autour du chocolat est colossal : 550 barres sont vendues toutes les secondes dans le monde, et génèrent ainsi un marché évalué à plus de 80 milliards d’euros par an.

L’équipe du reportage « Boomerang » s’est expatriée dans les zones les plus reculées du monde, productrices des trois composants principaux du chocolat : le cacao en Côte d’Ivoire, l’huile de palme en Indonésie et le soja, en Amérique du Sud. Des composants cultivés en terres étrangères, bien loin du fameux lait des Alpes et autres « produits locaux » affichés sur des publicités mensongères.

« Le côté obscur de la barre chocolatée »

Le reportage nous emmène d’abord en Côte d’Ivoire. Ce pays africain est un phare dans l’industrie chocolatière en réalisant 40% de la production mondiale de cacao. Dans un village, des enfants s’attèlent à la récolte, loin des lois citadines où le travail des mineurs est interdit. La difficulté de leur quotidien et le manque d’alternatives pour leur avenir transparaissent dans ce témoignage d’un ouvrier de 10 ans, Je préfère gagner de l’argent pour ma famille que d’aller à l’école. Les barres chocolatées dont raffolent les enfants d’Occident existent grâce à des travailleurs du même âge… Drôle de monde.

De plus, nous sommes bien loin des sommes mirobolantes qu’absorbent les grandes entreprises agro-alimentaires européennes. Malgré un prix d’achat minimal garanti fixé à 725 Francs CFA le kilo (égal à moins d’un euro) par le ministre de l’Agriculture ivoirien, Sangafowa Coulibaly, le producteur de cacao ne gagne dans les faits qu’entre 400 et 500 Francs CFA.

À Sumatra, île indonésienne située sur l’équateur, les conditions de production n’en sont pas moins scandaleuses : les employés d’une plantation de 25 000 hectares sont rémunérés 100 euros par mois, contre 12h de travail journalier et exténuant.

Surexploitation, maintien de la dépendance entre pays en voie de développement et pays riches, répartition du travail ne favorisant pas l’éducation… La liste des points négatifs est longue pour l’industrie du chocolat. Un cercle vicieux entretenu pour les consommateurs, bien sûr.

Les dégâts écologiques

Il n’y a pas seulement des hommes qui souffrent de ces conditions. La faune et la flore se voient dévastées par les plantations de soja et de palmiers pour l’huile de palme. Cette dernière est l’ingrédient représentant 5 % dans la composition des barres chocolatées et remplace le beurre de cacao car elle représente l’huile la moins chère au monde . Ainsi des palmiers sont plantés à outrance, ce qui a ravagé deux millions d’hectares de forêt vierge en Indonésie. Ces dégâts ont bouleversé la vie de plusieurs espèces, notamment celle des orangs-outans qui est à ce jour menacée d’extinction.

L’Amérique du Sud, premier producteur de soja (stabilisateur du chocolat en barres) n’y va pas de main morte dans l’utilisation de pesticides sur les cultures. Ce geste déplorable pollue l’air et l’eau, mais provoque également de graves maladies chez les populations amérindiennes vivant aux abords des plantations.

Ce reportage ne fera pas bouger les choses dans l’immédiat, mais permettra aux consommateurs de réfléchir à deux fois avant d’acheter les barres chocolatées. Il sera diffusé ce soir sur la chaîne Canal +, et vous laissera sans doute un goût amer.

Manon Monmirel

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