Wonderwomath et Lecarnetduneprof, deux profs stars de TikTok, reviennent sur leur métier et leur vision de la pédagogie pour MCE TV.
Estelle Collard et Laura Perez, alias Wonderwomath et Lecarnetduneprof, sont professeures en collège et lycée et cartonnent toutes les deux sur TikTok ! Pour MCE TV, les deux jeunes femmes se confient sur leur métier de prof et sur leur rapport à la pédagogie et aux élèves !
Pouvez-vous vous présenter ?
Lecarnetduneprof : Je suis Laura Perez, professeur de SVT en lycée. Ça fait 2 ans que j’enseigne. Je suis néo-titulaire. Cette année, j’ai des Secondes et des Terminales en enseignement scientifique. Néo-titulaire, c’est ma 2e année du coup, après le stage.
Wonderwomath : Et donc moi, c’est Estelle Collard, je suis enseignante en mathématiques, en collège dans l’académie de Nancy-Metz, j’ai des 4e et 3e. C’est ma 6e année d’enseignement donc je ne suis plus néo-titulaire.
Pourquoi avoir voulu être prof de SVT et de maths ?
Wonderwomath : Pour moi, c’est une très longue recherche. J’ai toujours voulu faire prof, mais les matières ont toujours changé. J’ai fait une école d’ingénieur, donc à la base, j’aurais aimé faire prof de physique. Mais je ne suis pas du tout à l’aise avec la chimie, on est obligés d’enseigner les deux en même temps et je me suis dit : « On va faire maths comme ça, c’est simple. ».
Lecarnetduneprof : Ben moi du coup, SVT parce que j’adore les sciences, j’ai toujours aimé m’intéresser à tout ce qui était la nature, ce qui m’entoure, les sciences. Je n’ai pas fait tout de suite professeure de SVT, j’étais d’abord partie pour faire médecine et aller dans le cursus de sage-femme. J’ai préféré ensuite me tourner vers l’enseignement et ça a été la meilleure décision que j’ai pu prendre en fait.
À quel moment avez-vous eu l’envie d’enseigner ?
Lecarnetduneprof : Alors moi, ça a été durant mes années de faculté en sciences de la vie. J’ai vu que j’étais réellement à l’aise, que j’aimais transmettre des notions, discuter de la science, avoir une démarche scientifique, ça m’a tout de suite plu. Du coup, il y avait le cursus qui nous a été proposé pour enseigner les SVT.
Wonderwomath : Et moi, je me suis rendue compte en école d’ingénieur que ce n’était vraiment pas fait pour moi. Même si c’est un travail d’équipe, il y avait ce côté : « On bosse beaucoup dans son coin, on fait de la recherche ». Or, j’ai besoin de beaucoup de contact social. J’aime beaucoup transmettre. Donc en fait, la seule chose que j’aimais vraiment faire en école d’ingénieur, c’était tout ce qui était présentation de projet. J’ai donc quitté cette école pour ensuite intégrer le master MEEF enseignement. Et puis là, il y a un réel retour des élèves, j’ai vu leur évolution tout au long de l’année. Le retour positif est instantané, à chaque heure de cours, il se passe quelque chose de positif.
Quel est votre vision de la pédagogie ?
Wonderwomath : Alors moi, je suis beaucoup dans la différenciation, mais ce n’est pas moi qui ai inventé le concept. C’est très plébiscité par l’Éducation nationale. En gros, la différenciation, c’est qu’il faut adapter son enseignement aux compétences de l’élève, aux envies de l’élève, aux préférences de l’élève. Après, il y a cette différence lycée-collège. Ils sont beaucoup moins autonomes et beaucoup plus enfants, ils ont besoin d’être plus accompagnés.
Lecarnetduneprof : C’est normal, tout profil d’élèves est différent, ils sont très hétérogènes. Maintenant, on a des classes très complètes. Il faut s’adapter à eux en fait, ce n’est pas eux qui vont s’adapter à l’éducation, donc on est là pour ça aussi. Alors moi du coup, je suis en lycée, c’est un petit peu différent. Moi, je fais beaucoup d’oraux. Il faut savoir aussi qu’en terminale, il y a le grand oral à préparer qui est assez nouveau avec la réforme. Du coup, j’en fais beaucoup. C’est quelque chose que les élèves appréhendent alors que ça ne devrait pas. Donc moi, c’est beaucoup axé sur la préparation orale, on en fait beaucoup dans toute l’année de diverses manières, ludiques ou non. Je fais aussi pas mal de différenciation pédagogique.
Transmettez-vous les mêmes astuces sur vos réseaux sociaux qu’en classe ?
Wonderwomath : J’insiste sur le fait que mes cours sur TikTok n’ont rien à voir avec mes cours en classe. Les cours sur TikTok, on a une minute, le format n’est pas du tout adapté. Je vais aller à l’essentiel, je vais manquer beaucoup de rigueur parce que je ne peux pas tout dire. Mais souvent une leçon de maths, c’est une activité de découverte, comme ça l’élève se confronte lui-même au problème, à la notion, au sujet. Le but, c’est qu’il se trompe, c’est qu’il tâtonne, c’est qu’il essaye. Et petit à petit, on va mettre ensemble une astuce commune. On va plutôt parler de démarche, de méthodologie.
Lecarnetduneprof : Parfois, c’est compliqué. Bien sûr, il y a des choses qu’on n’explique pas jusqu’au bout. Donc pour certaines personnes, c’est mal interprété et on doit faire des impasses. Moi, j’ai vraiment créé ce compte pour redorer l’image des profs. Parce que l’enseignant est vu comme quelqu’un d’austère et d’aigri. Alors que non, pas du tout, ça a vraiment changé et c’est ça que je voulais transmettre.
Est-ce que les relations créées sur les réseaux sociaux avec les élèves se retrouvent en classe ?
Wonderwomath : Depuis que je suis sur TikTok et que j’ai vraiment commencé à avoir des abonnés, le climat s’est beaucoup apaisé avec mes élèves. Alors, ce n’était la guerre avant ! Mais c’est beaucoup plus amical, ils sont beaucoup plus intéressés, plus sympas en classe, plus détendus. Ils se permettent de rigoler un peu plus, mais sans non plus exagérer. Il n’y a pas longtemps, j’ai fait un projet avec eux de géométrie. Je leur ai dit que les plus belles constructions iraient sur TikTok. Et là, ils travaillent, mais tellement bien. Ils m’ont fait un travail de qualité. Ils voulaient tellement finir sur TikTok !
Lecarnetduneprof : Oui, moi j’ai mes Terminales qui insistent beaucoup, puis aussi quelques classes de seconde.