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Université: où en est-on sur la question de la sélection ?

Université: où en est-on sur la question de la sélection ?

La sélection à l'université est un débat sans fin qui dure depuis une dizaine d'années. Mais le gouvernement Macron pourrait trancher sur la question.

La sélection à l’université… Le sujet est presque devenu un marronnier à chaque rentrée universitaire. Le premier à avoir lancé un pavé dans la mare est François Goulard, ministre de l’enseignement supérieur en 2006. Puis est venue Valérie Pécresse lors de son mandat, qui voulait instaurer une orientation sélective… Aujourd’hui, c’est l’instauration des prérequis qui est mis en place lors des discussions avec les acteurs de l’université française par Emmanuel Macron et Frédérique Vidal. Une sélection à l’université semble une politique continue depuis plus d’une décennie sans pour autant s’inscrire officiellement dans les faits.

Mais qu’en est-il aujourd’hui ? Le manque de sélection donne une excuse aux établissements pour effectuer des tirages au sort dans certaines filières. Cette pratique, bien que décriée par tous les partis est encore aujourd’hui en vigueur. Mais dévalorisante, elle ne fait que contredire la place du mérite dans le système de l’éducation française. Alors pour Frédérique Vidal, la ministre de l’Enseignement Supérieur, il faut y mettre fin.

Une volonté des présidents d’universités mise sur table avec Macron

Oui, tous s’accordent pour dire que le tirage au sort est une honte… Mais comment y mettre fin ? Une meilleure orientation ? Le problème vient avant tout du nombre d’inscrits sur Admission Post-Bac chaque année. Une demande trop forte qui pousse même les université à refuser des étudiants dans les filières dites libres. Plus de moyens pour les universités ? Si des efforts sont consentis, ils ne sont pas assez conséquents pour un éventuel changement. Pour les Présidents d’université, la solution est simple… La sélection.

Ces derniers se sont réunis à Reims du 28 février et le 1er mars 2017 pour évoquer le sujet. En pleine campagne présidentielle, le but était de faire entrer ce sujet dans le débat électoral. « Une orientation bien pensée suppose que l’étudiant ait acquis certaines bases et qu’il soit possible de demander des prérequis à l’entrée de la licence », avaient alors évoqué les conférenciers. François Germinet, à la tête de la commission Formation de la CPU avait déclaré au Monde les bienfaits de la sélection. « Passer de filières ouvertes non sélectives à cette possibilité de recruter aura pour conséquence que l’université pourra prendre la responsabilité de la réussite de ses étudiants », avait-il déclaré.

Ce n’était d’ailleurs pas tombé dans l’oreille d’un sourd. En effet, celui qui avait le plus rapidement répondu à cette idée, c’est Emmanuel Macron. Il proposait dans son programme présidentiel d’afficher des prérequis à l’entrée dans tous les cursus universitaires. La discussion qui s’est donc engagée dans les bureaux de Frédérique Vidal ne sont donc que la mise en application de cette idée. Mais qu’en est-il réellement ? Est-ce une bonne chose ? Pour les syndicats étudiants la réponse est évidemment non. Cela ne ferait que fermer la porte à un droit des bacheliers, celui d’avoir l’accès sans contrainte aux études supérieures.

Revaloriser le diplôme par la sélection

Mais peut-on y voir une revalorisation du diplôme universitaire ? « 30 % des étudiants abandonnent le cycle universitaire en fin de première année. 27 % des étudiants de première année à l’université obtiennent leur licence en trois ans. Et ils ne sont que 40 % à l’obtenir en quatre ans », explique Frédérique Vidal au Monde. Et de plus en plus les entreprises se tournent vers les Grandes Ecoles. En effet, l’université est souvent pointée du doigt pour le manque d’écoute face aux attentes des entreprises.

Un système qui favorise donc une éducation à deux vitesses. Une situation sociale qui entraîne la formation d’une certaine élite. Interrogé récemment sur MCE, Vincent Pavanello, membre du réseau d’experts du Think Tank génération libre, voyait la sélection comme un retour de l’université sur le devant de la scène. Notamment en ce qui concerne la formation. Sélectionner à l’université, c’est redonner une valeur au diplôme.

Une première étape franchie avant une sélection à l’université

L’instauration des prérequis semble donc un leitmotiv de choix pour le Président Macron et son gouvernement. Souhaitant mettre en place ce procédé dès la Rentrée 2018, il reste à savoir comment se mettra en place cette sélection. Vers une orientation logique ? Ou vers une sélection sur dossier ? Une chose est certaine, après 10 ans de non-débat sur le sujet, un accord pourrait enfin faire avancer la question. Même si certains pourraient être déçus.

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