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Université: une pétition pour la décolonisation du programme à Yale

Université: une pétition pour la décolonisation du programme à Yale

Des étudiants de l'université américaine Yale lancent une pétition pour « décoloniser » le programme de littérature anglaise.

Geoffrey Chaucer, Edmund Spenser, William Shakespeare, John Donne, John Milton, Alexander Pope, William Wordsworth et T.S. Elio : ces auteurs de la littérature anglaise ont un point commun. Ils sont tous blancs. C’est justement ce que dénonce un pétition lancée par des étudiants de la très prestigieuse université américaine de Yale. Ces derniers voient dans leur programme d’introduction aux «grands poètes de la langue anglaise» de première année, une forme de discrimination. Ces étudiants de licence réclament une diversification de ce cours obligatoire pendant deux semestres.

Les étudiants de Yale en ont assez des auteurs blancs

« Il est temps que le département d’anglais décolonise son offre de cours », expliquent les étudiants en utilisant volontairement des termes historiquement lourd de sens. Ils demandent une refonte totale du cours obligatoire de poésie « pré-XXe siècle » pour y « inclure des littératures en rapport avec le genre, la race, le capacitisme [NDLR: discrimination liée au handicap] et l’ethnicité ». La pétition a rapidement recueilli plus de 160 signatures selon le journal du campus Yale Daily News alors que le département d’anglais ne compte que 200 étudiants de licence. « Une année passée autour d’une table de séminaire où les contributions littéraires des femmes, des personnes de couleur, des queer sont absentes blesse tous les étudiants, peu importe leur identité », expliquent les pétitionnaires. Selon eux, ce cours créerait « une culture spécialement hostile aux personnes de couleur ».

Décoloniser les savoir universitaires : une polémique récurrente

Malgré sont succès parmi les étudiants, cette pétition n’est pas du goût de tout le monde. Harold Bloom, prestigieux professeur d’Humanités de Yale avoues être « trop las de commenter de tels insanités » au Daily Beast. « Ce n’est pas seulement une offense au savoir, mais à l’idée même d’une éducation libérale », déclare Kim Holmes, auteur conservateur dans les pages du Washington Times. Avant d’ajouter : « ces gens ne sont pas intéressés par la diversité, mais par la conformité ». Il regrette que ce soit « un mouvement idéologique qui a pour but de fermer les gens à la grande richesse de savoir et de sagesse de la civilisation occidentale ». La polémique contre les « Dead White European Males » («mâles blancs européens morts») revient régulièrement aux États-Unis. Les campus américain sont bien souvent la scène des post-colonials studies, qui souhaitent décolonialiser les savoirs universitaires.

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