Campus
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Marlène Schiappa: sa technique pour lutter contre le harcèlement de rue ! (ITW)

La Ministre chargée de la Citoyenneté Marlène Schiappa se confie à MCE TV sur le véritable fléau qu'est le harcèlement de rue.

Dans ce nouveau numéro de notre interview « Campus », la Ministre déléguée auprès du ministre de l’Intérieur chargée de la Citoyenneté, Marlène Schiappa, met un gros stop au harcèlement de rue. Elle rappelle que 100 % des femmes auraient déjà subi ce véritable fléau !

Qu’est-ce que le harcèlement de rue ?

Marlène Schiappa : Ce n’est pas de la drague de rue. Je le dis parce que parfois certains disent : « Ah on ne peut plus draguer » ou « On ne peut plus aborder des femmes dans la rue ». Ce n’est pas ça le propos. Le propos, c’est que le harcèlement de rue devient du harcèlement parce qu’il y a une répétition des faits. Quand une jeune femme se promène dans la rue, qu’elle va d’un point A à un point B et que toutes les 5 minutes, quelqu’un l’interpelle de façon plus ou moins agressive, ça devient du harcèlement de rue. Ce n’est pas juste un petit désagrément sur le moment. C’est vraiment quelque chose qui mine la confiance en soi des femmes, qui est très difficile et qui a des conséquences.

Combien de femmes sont harcelées chaque année en France dans la rue ?

Marlène Schiappa : Il y a différentes études qui disent qu’entre 90% et 100% des femmes auraient déjà vécu du harcèlement de rue en France. On en a partout, ça concerne toutes les femmes, de tous les âges, de tous les styles. Et, hélas, dans tous les endroits.

Et à quel moment ?

Marlène Schiappa : Le phénomène de harcèlement de rue aurait une recrudescence au moment du printemps. Mais je veux dire que les mesures de confinement ou de couvre-feu ne font pas baisser la menace. On a beaucoup de témoignages de jeunes filles qui nous disent que le fait d’être seule ou isolée dans la rue les expose au moins autant, voire davantage au harcèlement de rue.

Comment sont formées les forces de l’ordre ?

Marlène Schiappa : On a fait une petite révolution de la formation des forces de l’ordre. Elles sont maintenant formées à 100% dans leur formation initiale face aux violences sexistes et sexuelles. C’est important parce qu’il y avait des femmes qui nous disaient que leur plainte n’était pas bien prise. Donc on a voulu les entendre et accompagner les forces de l’ordre dans cette formation, pour leur permettre de mieux s’engager et de mieux protéger les femmes. On a créé des grilles d’évaluation du danger.

On a aussi créé la saisie des armes pour les conjoints violents. Ainsi, si quelqu’un vient porter plainte pour violences conjugales, le policier va tout de suite saisir les armes du conjoint violent s’il en a désormais. On a aussi mis en place des dispositifs de protection comme le « téléphone grave danger » et le bracelet anti-rapprochement.

Que déployez-vous pour contrer le harcèlement de rue ?

Marlène Schiappa : On a pu depuis 2-3 ans nommer ce phénomène et faire une loi pour verbaliser le harcèlement de rue. C’est un vrai fléau pour les femmes et pour les jeunes filles. Avec la verbalisation du harcèlement de rue, avec ces policiers en civil qui interviendront par surprise, j’espère que petit à petit, on va pouvoir ensemble éradiquer le harcèlement de rue.

Si je suis témoin de harcèlement de rue, quelle attitude dois-je adopter ?

Marlène Schiappa : Je pense qu’on a besoin des témoins de harcèlement de rue. Quand je vois quelqu’un se faire harceler dans la rue ou se faire aborder alors qu’elle n’est pas consentante, je fais comme si je connaissais la personne. C’est-à-dire que j’entre dans la conversation et je dis : « Ah bah salut ! Bah alors, j’attendais de l’autre côté et tu étais là, viens on y va ». Ça la sort du face-à-face et ça permet d’avoir un prétexte et une stratégie pour s’en aller. Ça permet aussi de protéger la personne face à ces phénomènes de harcèlement de rue.

Et puis enfin, il y a la plateforme qui s’appelle arretonslesviolences.gouv.fr, qui permet en quelques clics de signaler des faits. Sans oublier bien sûr le 17. Vous pouvez appeler la police, car maintenant, le harcèlement de rue est un délit. Il peut être verbalisé et il peut être interdit par la loi.

À quelles sanctions s’expose le harceleur ?

Marlène Schiappa : Une amende entre 90 et 750€ en fonction des conditions. Cette amende peut augmenter jusqu’à 3500€. C’est une amende forte ! Le harcèlement de rue se voit désormais puni en verbalisation, mais aussi en procès. C’est le cas par exemple s’il y a une agression physique, des coups, des injures publiques en plus. Là, ça peut être quelque chose qui est puni par la justice lors d’un procès.

Comment participer à faire de l’espace public un lieu aussi sécurisé pour les hommes que pour les femmes ?

Marlène Schiappa : Il y a beaucoup d’initiatives. Par exemple, il y a le dispositif « Angela ». Il peut se mettre en place au niveau local, au niveau d’un BDE, au niveau d’une asso, au niveau d’un mouvement de jeunesse, dans n’importe quelle ville. Il suffit de mobiliser les commerçants pour qu’ils participent au plan Angela. Cela consiste à leur proposer de faire en sorte qu’il y ait un mot de passe, un code. Quand quelqu’un est en train d’être victime de harcèlement de rue, elle peut se réfugier dans un bar par exemple et dire : « Je cherche Angela ». Ça vaut aussi pour un date Tinder qui dégénère, vous pouvez aller au bar et dire : « Voilà, je cherche à joindre Angela ». Quand c’est un bar partenaire, il pourra vous protéger et vous mettre à l’abri. Voire, en cas de nécessité, contacter la police pour vous aider !

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