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Faut-il en finir avec l'absence de sélection en fac ?

L’université pour tous, c’est bien joli, mais l’absence de sélectivité entraînerait un manque à gagner annuel colossal pour l’Etat et paraît ne rien apporter à la réussite étudiante

L’idée n’est pas neuve. Pour preuve, MCE vous relayait déjà ici, il y a 2 ans, la proposition de l’asso lycéenne RNL qui demandait explicitement la levée de l’absence de sélection en fac de façon à réduire le taux d’échec en post-bac.

La non-sélection en université pour tout bachelier digne de ce nom est un des principes fondateurs de notre modèle d’enseignement supérieur. Seulement voilà : en pratique, cette loi immuable semble ne rien pouvoir à la réussite étudiante en premières années d’études supérieures.

Ponctuellement, les illustrations sont des plus cruelles : prenons le seul exemple de l’Université de Cergy-Pontoise, rapporté par Le Monde, qui comptabilise un taux de réussite en licence proche de 0% pour les grands sacrifiés que sont les bacs pro mal aiguillés en fac de sciences humaines, toutes filières confondues !

La sélection, depuis longtemps pratiquée à Dauphine et à niveau M2

La sélection existe déjà, du reste, dans quelques formations supérieures publiques à l’image de celles dispensées par Paris-Dauphine, qui pratique un tri drastique dans ses admissions sur dossier. De même, au-delà de la licence et la règle de l’accès libre en Master 1, la sélection se pratique déjà copieusement en particulier en ce qui concerne les Masters 2.

Les incohérences ne manquent pas: une spécialisation qui devrait intervenir au terme du cycle de licence et non au préalable, la sape constante sur les efforts fournis que produit le seul principe du refus de l’écrémage… Le gâchis semble immense tant la logique de la passoire semble poussée à son paroxysme.

Accompagner les nouvelles dispositions de la réforme ESR, notamment celle prévoyant la réorganisation de la carte des mentions disponibles en LMD, d’une sélectivité nouvelle mais raisonnable semblerait être un bon outil pour abréger un minimum les souffrances d’une majorité étudiante en situation d’échec dans les premières années de fac, preuve ultime de l’inopérabilité de nos ambitions humanistes.

1,2 milliards annuels de pertes totales !

Quand à l’impact de ce débat sur les deniers publics, il semble ne pas y avoir photo : les journalistes du site contrepoints se sont amusés, sur la base d’études statistiques du MESR de 2004 et 2009 selon des sources DGESIP – DGRI – SIES, à estimer le coût annuel qu’implique l’échec dans le supérieur pour l’Etat.

Calculant les pertes induites par les primo-entrants mais aussi par les redoublants de première et de deuxième année, en estimant le poids économique des inscriptions à répétition enregistrées en faculté, l’auteur parvient au termes de plusieurs tableaux à chiffrer à 1,2 milliards d’euros et des poussières le manque à gagner annuel engendré par le système qui prévaut actuellement.

Même si l’article demande de nuancer ces chiffres ne serait-ce que du point de vue de la variabilité qui existe d’un cursus à l’autre, comme sur les différences à prendre en compte entre le coût moyen par étudiant et son coût moyen à l’université, entre autres, il a le mérite d’exposer un manque à gagner financier massif, et de moins en moins justifié.

T.C.

Source : Le Monde , contrepoints.org

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