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Côte d'Ivoire : aux abois, les campus d'Abidjan s'embrasent

Un parc universitaire tout neuf vient de sortir de terre du côté d’Abidjan. Mais depuis l’inauguration fanfaronnante par le président Ouattara, les problèmes s’accumulent

La communauté étudiante ivoirienne ne voit pas le bout du tunnel. Après 10 ans de conflits politiques qui ont miné le pays et fixé les antagonismes entre partisans de l’ancien et du nouveau président, elle pensait pourtant avoir droit à un répit bien mérité.

Il n’en est rien : cela a beau faire 2 ans que le président de Côte d’Ivoire Alassane Ouattara est aux commandes et 1 an qu’il a coupé le ruban rouge, la situation reste au point mort. Si un chantier pharaonique de 110 milliards de francs CFA soit 167 millions d’euros a bien été ouvert entre temps et si des infrastructures toutes neuves ont poussé, rien n’est encore fonctionnel.

« Coupures intempestives d’électricité » et des « micros qui ne marchent pas »

Interrogé par nos confrères du Figaro, Gaoussou Diabaté le porte-parole de la première formation syndicale étudiante du pays de l’Alliance Nationale des Etudiants de Côte d’Ivoire décrit ses impresssions : «Quand on a vu les infrastructures, nous étions satisfaits: des bâtiments fraîchement peints, de l’air conditionné dans les amphithéâtres, de belles pelouses. Mais à peine ont-elles commencé à fonctionner que nous avons été déçus».

Il ajoute qu’ «il y a les coupures intempestives d’électricité, des micros qui ne marchent pas, le manque de documents dans les bibliothèques » sans parler de « l’absence de fontaine sur le campus», un point non-négligeable dans ce pays à la température annuelle moyenne oscillant entre 21 pour les minimales et 27 degrés pour les maximales.

Pire : dans les environs des campus, les réseaux de transports en commun y sont si désorganisés que les files d’attente aux arrêts sont interminables et les rares navettes disponibles prises d’assaut, à l’image de la station de l’université de Cocody, en photo ci-contre. Au point que certains syndicats parlent même de plusieurs décès liés à ces cohues !

Pierres contre lacrymos

Face à l’indifférence du pouvoir, des incidents à répétition ont éclaté les 13, 16 et 17 mai derniers entre des groupes d’étudiants armés de projectiles et les forces de l’ordre pas radines sur les lacrymos. Ces dernières ont procédé à des arrestations. Les luttes entre partisans de l’ancien président et le nouveau semblaient toujours d’actualité entre les étudiants impliqués.

Blocages de sites et manifestations agitent depuis plusieurs jours les enceintes de plusieurs des universités concernés à Abidjan dont le campus de l’Université Félix Houphouët-Boigny. Alors que seule la moitié du budget alloué au supérieur ivoirien a pour l’instant été dépensée, on dénonce déjà une usine à gaz supplémentaire dans ce pays aux institutions fragiles.

T.C.

Photo DR : @ AFP / Issouf Sanogo

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