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Students Challenge 2013 : Jour 9 – Etape 5 – deuxième journée marathon

Il arrive toujours à l’heure. Son heure. Quoique nous en pensions et que nous nous y intéressions ou pas. Il a cette façon qui lui appartient et dont l’art tout autant que la manière n’ont d’égal. Il peut souvent nous manquer et nous irions jusqu’au bout du monde pour le chercher

Levé avant son retour, j’attendais avec impatience ses signes. Je savais qu’il n’était pas loin et j’avais hâte de démarrer cette journée avec lui.
Ami privilégié, il serait, pour cette dernière journée de la course, le point d’ocre pour parachever cette course folle à travers la nature brute.
Quelle nuit glaciale il nous avait laissé ! Mais il n’a pas que nous à porter et j’admets volontiers les règles de son jeu infidèle.
Quand il nous a fait savoir qu’il nous rejoignait, nous étions déjà bon nombre au sommet de la dune à le guetter, cet ami universel.

Puis l’horizon blafard a viré, se muant en orangé. Bientôt il a laissé apparaître le sommet de son crâne. J’ai presque cru qu’il posait ses mains sur les bas monts lointains, comme pour les enjamber et se livrer à nous. Puis, très vite, il s’est hissé juste face à nos yeux afin que nous puissions le voir, encore timide à cette heure mais déjà fringuant.
Le soleil était là. Nous pouvions partir.

Comme pour faire honneur à cette dernière journée de raid, l’immense majorité des équipages a rejoint le point de départ à la première heure.
De Fezzou à Ouarzazate avec la spéciale en première partie. Le dernier check point en guise d’hommage fervent à ce Students Challenge haut en couleurs.

Les premières voitures sont parties pendant que j’alimentais mes conversations matinales.
Fabrice et Dominique LARVOR, équipage 177, étaient déjà au sol en train de calculer et tracer leurs trajectoires. Leur ardeur ne semblait pas vouloir décroitre et, si près du but, je conçois. Nous avons conclu que pressions et impressions serait un beau résumé de leur participation.
Malgré le soleil bien haut, le fond de l’air était encore gelé mais je voyais pourtant beaucoup de concurrents en tongs et en t-shirt. Peut-être que mes années de Maroc m’avaient rendu frileux… Ou que leur provenance, sous des cieux encore moins chauds, surtout en cette période, en France, leur faisait apprécier ces températures meilleures.

Baptiste LE FUR et Flavie JUBY, équipage 174, étaient de ceux-là. Il faut dire, qu’au Havre, en Seine Maritime, ma Normandie natale, les hivers sont rudes.
Centrés et concentrés fut, entre nous, le second jeu de mot du jour. Eux aussi agenouillés au sol à lire et préparer leur chasse au check point du jour.

J’aime bien mes balades entre les voitures. Elles me permettent de sentir les ambiances. Les hauts du Coeur et les hauts de Coeur. Les bas moraux aussi.
C’était le cas pour Paul et Jessica LE FLOHIC, équipage 228, de nombreuses fois victimes de lourds problèmes de mécanique. L’occasion pour moi de tenter de leur redonner du cran là où leur seul but était de ramener leur voiture chez eux. Pour les avoir côtoyé pas mal de fois, je connais leur courage et leur acharnement.
De plus, en matière de pépins qui vous empoisonnent une course, il y avait aussi Audrey VILLANCE et Delphine SCHLESSER, équipage 148 qui ont dû, la veille, enlever la plaque de protection sous leur R5.

Comme nous l’avons abordé il y a deux jours, il n’y a pas eu d’importants appels à l’assistance sur cette édition du Students Challenge. Cependant, et c’est la légitimité de ce type de course, les véhicules souffrent. Certains plus que d’autres.
En la matière, Delphine MORAUD et Auristelle AGACHE, équipage 202, n’ont pas été épargnées. Les voilà pourtant ce matin, fidèles au poste, sur la ligne de départ, telles des amazones.
On a souvent tendance à ignorer la réalité d’une telle course tant ce qui nous saute en premier aux yeux est la qualité des paysages traversés et cette saveur d’aventure qui nous happe.
Cependant, il faut de la force, il faut du courage. C’est très physique. On navigue en terre inconnue…
Et beaucoup s’en réjouissent aussi et relativisent.
“Ca fait réfléchir de rencontrer des gens heureux pour un rien” me disent Pierrick GUIBERT et Geoffrey REBEYROL, équipage 117, en évoquant les habitants d’ici.
“C’est la plus belle expérience de nos vie” affirment Clément DEFFORGE et Alexandre HAMANN, équipage 107.

Rémi DESNOUS et Benjamin AUGUET, équipage 192 et amis d’enfance, exultant de ces “groupes magnifiques”, d’avoir “pensé à soi” et mettent très en valeur l’entraide qui a régné sur la course.
Tout à coup, j’aperçois Sarah MARCHENAY et Bénédicte LAFARGUE, équipage 249, qui poussent leur R4. Inquiet, je m’approche. “Nous la poussons jusqu’à la ligne pour économiser l’essence” me rétorquent elles.
Nous quittons les paysages lunaires de la veille et pénétrons vite dans un univers mêlant sable et roche. Les couleurs marron chaud des montagnes donnent un contraste merveilleux avec le bleu du ciel. C’est vallonné. Puis c’est plat. Nous ne croisons personne pendant des kilomètres puis tombons sur une équipe de foreurs venant de trouver une source. L’eau jaillit de la terre en flots puissants et envahit la surface, coulant en ravines.
Il fait chaud maintenant. Incroyable qu’avec des amplitudes de températures aux alentours de 20 degrés entre la nuit et le jour, personne ne soit tombé malade.
Le climat est sain ici. Nous sommes en pleine nature, il n’y a aucune usine, aucune pollution. Des notions d’origines de l’homme pourraient facilement nous monter à la tête.

Nous arrivons ensuite à un oued au courant tranquille que les concurrents doivent traverser. Les franchissements s’accompagnent de jaillissements de boue, de jaillissements de rires et de cris de victoire. Le défi est de ne pas y rester coincé malgré des volontés de se tremper les pieds dans l’eau ou de patauger. Je remarque des traces de givres sur les rives. Il a donc fait au moins 0 cette nuit…
Matthieu NOLF et Amandine RENCY, équipage 194, sont des habitués des raids. S’ils sont choisis le Students Challenge, c’est pour son intimité et son coté familial. Ils se reconnaissent dans ses valeurs.
Fabian TEN BROEKE et Vincent CONIL, équipage 245, sont, eux, fiers de leur vénérable 205. Fabian a coiffé le chech des touaregs et ils repartent à l’assaut des dernières étapes.
Nous nous dirigeons vers la ligne d’arrivée où nous voulons accueillir les raiders pour leur ultime contrôle.

L’endroit est calme. Il a été aménagé dans une grande clairière de sable où végètent des acacias aux longues épines. En attendant les voitures, nous nous allongeons à l’ombre.
Puis ils arrivent, les uns après les autres. Les plus vaillants se hissent sur le toit de leurs voitures et se livrent au photographe. Les autres sortent et respirent l’air du soulagement. On sort les pique-niques, on s’attable ou improvise le déjeuner sur le sable. Les cannettes trinquent et les projets d’avenir se développent.

Quand tout le monde sera parti, tout aura été nettoyé. L’endroit sera rendu à la nature avec tous les respects qui lui est du.
Il va nous falloir prendre la route pour Ouarzazate, à 5 heures de route magnifique d’ici où aura lieu, demain matin, la remise des prix. Les calculs sont toujours en cours et les experts qui en sont chargés seront les premiers à connaitre l’issue de la joute naturelle qui a eu lieu en terre Berbère ces derniers jours.

Ce soir, se sont réjouissances et décontraction au programme.
Ouarzazate, capitale internationale cinématographique, ne nous livrera pas encore son générique de fin. Mais quel casting !

Les dates clefs du Students Challenge 2013 :
– 16 / 17 février 2013 : « Village départ Students Challenge by Road Runners » à La Rochelle / Vérifications techniques et administratives
– Du 18 au 20 février 2013 : Traversée de l’Espagne et route vers lieu de rassemblement au Maroc
– Du 21 au 25 février 2013 : 5 étapes dans le Sud marocain
– 22 février 2012 : « Green Day » à Tafersgite
– 26 février 2013 : Remise des prix et repas de clôture

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