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Les facs anglaises offrent des tribunes aux prédicateurs islamistes

Cela faisait un an que les universités britanniques prêtaient leurs amphis à des membres et prêcheurs de l’asso étudiante Islamic Society. Avec à la clef quelques dérives qui ont pu choquer la communauté étudiante locale

Elles sont nombreuses à avoir jouer le jeu : les facultés prestigieuses de l’University College of London, de Birmingham, de Greenwich ou encore du Sussex, pour ne citer que celles-la, ont toutes répondu présentes à la demande d’une asso étudiante musulmane d’y ouvrir un cycle de conférences d’un an.

C’est ainsi que 180 assemblées de ce type ont été mises sur pied entre mars 2012 et 2013, avec des titres plus ou moins racoleurs tels que « Islam versus Atheisme » et j’en passe. L’optique est louable, c’est celle de la confrontation d’idées sous forme de tribunes décomplexées, de débats philosophiques à bâtons rompus.

Entre philosophie et spiritualité

Avec de nombreux questionnements susceptibles d’intéresser la communauté étudiante puisqu’on parle ici déterminisme, représentations sociales et décidément pas que spiritualité. Les conférences s’enchaînent donc pour tenter d’apporter des éléments de réponse à des questions que se pose tout un chacun comme « Qui est-on vraiment ? » « Qu’est ce que la moralité ? » ou encore « Qu’est-ce-que la servitude ? ».

Jusque-là, tout va bien. Seulement voilà, les observateurs britanniques offrent un tout autre son de cloches. D’une voix quasi unanime, l’organisation étudiante laïque Students Rights mais aussi les journalistes du Times, de la BBC, du Sun ou bien du Telegraph ont pointé du doigt plusieurs écarts imputables aux organisateurs du cycle de conférences.

Hommes et femmes séparés dans les amphis

Le point d’orgue de l’affaire a été la vente de places différentes attribuées aux hommes, aux femmes et aux couples venus assister au débat. Avec placement discriminant selon la catégorie d’origine, femmes à gauche et au dernier rang, entrée spéciale réservée aux couples etc.

Pour Student Rights, l’asso organisatrice est allée trop loin, n’hésitant à braver la loi sur l’égalité des genres ratifiée par le parlement anglais en 2010 et baptisée Equality Act. Nos confrères du Figaro rapportent même qu’un étudiant ayant osé au cours d’une des conférences la question : « N’y a-t-il pas ici la preuve d’une ségrégation flagrante ? » s’est fait gentiment renvoyé dans les cordes.

Une affaire qui a le mérite de reposer un certain nombre de question sur la place du débat théologique dans des institutions éducatives et la porosité qui existe parfois entre liberté d’expression, de croyance toutes personnelles et la bonne conformité avec les valeurs de la loi, dans les termes d’un débat public.

T.C.

Source : Le Figaro

Photo DR : @Guardian

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