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Quand Pécresse commente la contre-réforme des facs

V. Pécresse, ancienne ministre du MESR, jette un regard critique sur la nouvelle réforme des facs dans un entretien accordé au Monde. On vous en rapporte les grandes lignes

La LRU, c’était le bon temps…

Pour mémoire, le train de réformes LRU s’est imposé par étapes de 2007 à juin 2012 et concernait 85 facs en France.Encourageant le financement privé de la recherche, la LRU touchait surtout au régime de gouvernance des facs.

Des professionnels extérieurs ont fait leur entrée dans les CA des facs, tandis que le pouvoir décisionnaire accordé aux présidents (recrutement, versement des primes etc) s’est renforcé.

S’ouvre une marche à la privatisation progressive des facs et est laissée aux établissements la possibilité de gérer leur budget comme leurs ressources immobilières de façon autonome – bien qu’il faille admettre que «laisser le choix » revient ici à devoir accepter une marche forcée.

La concurrence entre établissements se voit attisée, même si elle n’a pas attendu la réforme pour exister en soi, ce n’était pas la peine de se donner tant de mal.

Bilan de l’opération : création de 41 fondations universitaires représentant 70 millions d’euros. A l’époque ce sont pourtant plus de 6 000 facs qui se sont rebellées contre le projet d’obédience libérale.

Ca s’en va et ça revient

Réforme numéro une ou réforme numéro deux, certains problèmes transversaux demeurent. Si le projet de réforme Fioraso veut faire remonter les taux de réussite dans le supérieur, encore faudra-t-il s’en donner les moyens et avoir des résultats probants à présenter au final.

Leurs prédécesseurs opposaient à l’idée de réussite celle d’ « excellence », comme se plaît à le répéter V. Pécresse, de certains établissements à favoriser. Ils ont pourtant eu bien des peines à concrétiser ces ambitions, à l’exception de quelques établissements (Paris-Dauphine, l’Université de Lorraine etc) déjà en avance qui ont tiré leur épingle du jeu.

On observe aussi des continuités d’une réforme à l’autre, comme le relève V. Pécresse, notamment en ce qui concerne la volonté d’orienter les bacheliers pro et tech vers des cursus STS et les IUT du territoire.

Et de franches ruptures, comme le fait de retoucher à la gouvernance des facs, notamment en réinstallant une collégialité et en réduisant les marges de manœuvre des directeurs.

Enfin pour que l’état de nos facs s’améliore et réussisse une modernisation en bonne intelligence,
le soutien de l’Etat devra être au rendez-vous. La part du PIB national réservée à l’enseignement supérieur – de 1,5 % chez nous – reste bien pâlotte face aux 3 % en vigueur aux Etats-Unis, par exemple. Un coup de pouce qui permettrait de débloquer environ 30 milliards d’euros annuels à destination du supérieur.

Source : Le Monde

T.C.

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