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Mariés au premier regard: simple divertissement ou émission toxique ?

L’émission Mariés au premier regard, qui prétend pouvoir former des couples par la science, est-elle nuisible ou juste jouissive ?

Dans la vie, il y a deux sortes d’individus. Ceux qui ne laissent rien au hasard, pas même quand il s’agit d’amour. Sites de rencontres, rencards arrangés et/ou planifiés par les copains, soirées pour célibataires… Ces fins stratèges mettent tout en œuvre pour être les seuls capitaines de leur navire sentimental. Et puis il y a les autres. Les romantiques, ceux qui croient encore au coup de foudre. À la magie des rencontres inopinées… Ceux-là tomberont sans conteste sous le charme de l’émission diffusée sur M6, Mariés au premier regard. Où des célibataires ne se contentent pas de dates à l’aveugle. Mais carrément d’épouser un ou une parfaite inconnu(e), supposé(e) lui correspondre grâce à la science et de savants calculs. Un concept digne d’un film de Julia Roberts ? Ou la mort programmée du romantisme ? MCE fait le point.

Mariés au premier regard, l’anti-Tinder

Lorsque Mariés au premier regard est arrivé en 2016 sur nos petits écrans, beaucoup ont levé un sourcil. Comment peut-on désacraliser une institution comme le mariage ? Pourtant, l’expérience socio – car c’est bien comme cela qu’il faut voir les choses- intrigue. Peut-on vraiment faire confiance à des tests d’affinités, à des chiffres et autres calculs pour trouver son âme sœur ? Dès lors, on se surprend à vouloir y croire, ou plutôt se laisser mousser. À une ère où l’on accumule les matchs foireux sur Tinder façon compéte, l’émission apporte aussi tout de même une petite respiration.

Surtout que contrairement aux Bachelor et compagnie, elle mise sur le qualitatif. Aussi, chaque candidat n’a pas le droit à une pléthore d’apollons ou bombasses pour lui faire la cour. Non, ça sera votre mari/femme trouvé(e) grâce aux algorithmes… ou rien. Et comme tout programme de ce genre, rondement mené, on se prend d’affection pour tel célibataire endurci. En espérant que son mariage (très) prématuré fonctionne. À noter qu’aucun couple créé lors des deux premières saisons n’a résisté. Même si d’autres, entre participants, se sont formés et tiennent toujours la route. Comme quoi…

Mariés au premier regard: Un divertissement qui titille aussi notre côté voyeuriste

Enfin, comme toute télé-réalité, le spectateur n’est plus dupe quant à ses coulisses et rouages. D’aucuns le savent : toutes sont très scryptées. Certaines réactions et dialogues, presque écrits. On ne saurait départager le vrai du faux dans Mariés au premier regard. Pointer du doigt les vraies âmes esseulées et les candidats en quête de célébrité. Mais le public, moins naïf, à un recul meilleur et aussi ô combien nécessaire. Et regarde donc l’émission, pot de glace à la main, comme il regarderait une série Netflix. À cela près que la curiosité malsaine s’y ajoute, côté « réalité » oblige – un peu comme pour l’île de la tentation. Ce candidat qui n’était porté que sur l’apparence craquera-t-il pour cette femme qui ne correspond pas à ces critères ? Et ce coupe, si opposé, matchera-t-il devant le fait accompli ? Encore un programme qui titille notre côté voyeuriste au plus haut point !

Mariés au premier regard, source de bien des polémiques

Mais peut-on toutefois parler d’un divertissement bon enfant ? Où il n’y aurait alors rien de bien méchant ? Pas si sûr. Etonnamment (ou pas), les plus gros scandales du programme ne sont pas liés à son concept-même. Illustration avec Stéphane Edouard, qui s’est porté comme « caution scientifique » de l’émission. Certains spectateurs, curieux, ont enquêté sur l’homme qui vend aussi quelques « bons » conseils en séduction sur son temps libre. Pourquoi ces guillemets ? Car lesdits conseils laissaient franchement bouchée bée. Sur son site et sa chaîne YouTube, il débat sur des thématiques comme « Comment dresser sa femme ? » Ou encore « Les femmes et leurs éternelles questions de merde. » Eh non, ce n’est pas une plaisanterie de mauvais goût. Savoir que ce genre de personnage est supposé être à l’origine de l’incroyable test pour trouver son âme sœur ne met pas en confiance !

Autre polémique, plus récente cette fois-ci, la mise en scène moqueuse de la production. L’une des candidates de l’édition 2019, Marlène, en a fait directement les frais. Cette dernière ne supporte pas ses rondeurs et complexe sur ses formes. Il n’en fallait pas plus pour les équipes derrière les caméras pour construire de toute pièce une scène pour se moquer d’elle. En plein essayage de robes, on ne lui ramène que des pièces bien en-deçà de sa taille. Espérant sans doute provoquer la déchirure des robes essayées, voire pis encore. Un body-shaming assez gerbant, d’autant plus en 2019. Alors quoi, on ne serait plus capable d’offrir de jolis moments de télé sans respecter ceux qui la font ?

Mélissa Chevreuil

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