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Santé: les médecins ne font pas assez de différences entre les hommes et les femmes

Santé: les médecins ne font pas assez de différences entre les hommes et les femmes

Hommes et femmes ne sont pas égaux devant la maladie, l'Académie de Médecine plaide en faveur d'une médecine sexuée plus adaptée aux besoins de chacun.

Hommes et femmes sont génétiquement différents. Alors pourquoi devraient-ils être soignés de manière identique ? « Les hommes et les femmes ne sont pas égaux devant la maladie et doivent donc être traités différemment », explique l’Académie de Médecine. La société multiplie les préjugés et les idées reçues sur les théorie du genre. La médecine quant à elle a tendance à lisser les différences entre hommes et femmes. L’Académie de Médecine a donc appelé à s’inspirer des approches américaines, allemandes ou suédoise pour une médecine sexuée, plus proche des réalités biologiques de l’être humain.

Hommes, femmes et chimpanzés

« Si on compare les séquences d’ADN, on s’aperçoit qu’il y a 1 % de différences entre deux hommes ou deux femmes. En revanche, parce que la femme a deux chromosomes X et l’homme, un chromosome X et un Y en plus, on se retrouve avec 15 fois plus de différences ! », rapporte Claudine Junien. En réalité, un homme et une femme auraient autant de différences au niveau moléculaire qu’un humain et un chimpanzé. Il existe « dès la conception, 30 % de différences en moyenne au niveau moléculaire dans tous les tissus et jusqu’à 70 % dans le foie adulte », explique la généticienne responsable du rapport de l’Académie de Médecine. Ainsi, certaines maladies comme Alzheimer, la dépression ou l’ostéoporose touchent plutôt les femmes, quand d’autres atteignent davantage les hommes (autisme, tumeurs du cerveau, AVC ischémique…).

Les femmes, grandes oubliées de la médecine ?

« Les études cliniques ont oublié les femmes, car c’est compliqué de les intégrer dans les études. Il y a un risque qu’elles tombent enceintes et que le bébé soit affecté par les molécules expérimentées », poursuit Claudine Junien. Les médicaments sont conçus pour les hommes : même les tests de toxicité sont réalisés sur des animaux mâles. Délivrés de manière indifférenciés, les dosages et les molécules ne sont pas adaptés aux femmes. « Certaines molécules ne sont pas efficaces sur les hommes mais seulement sur les femmes, et vice-versa. Le problème, c’est que peu de cliniciens sont au courant de cette réalité », explique l’Académie de Médecine. Et pourtant, les différences sont une réalité chez l’humain dès les premiers instants de son existence in utéro. Proposer des soins adaptés au sexe des patients serait donc « dans l’intérêt de chacun » selon Claudine Junien.

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