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Pourquoi veut-on se faire tatouer ?

Bien loin de ses origines, le tatouage s’est démocratisé depuis plusieurs années. S’il peut être de nature esthétique, il est bien souvent le résultat d’un choix personnel qui en dit long sur la personne

A l’origine, le tatouage faisait partie d’un rituel, d’une tradition, parfois même d’une religion. Avec le temps, il a évolué pour montrer son appartenance à un gang, à un groupe (souvent marginalisé) ou même à un quartier. En un mot, il renforce son identité, parfois en trahissant le poids des normes et des règles du monde qui nous entoure. A partir des années 90, il devient un signe de protestation. Les sportifs et les acteurs le revendiquent fièrement. Qu’il ait pour but de provoquer ou de séduire, il indique un message de rébellion. Il en devient même une façon d’embellir son corps, de mettre en avant une jolie musculature, de marquer un endroit du corps que l’on chérie particulièrement.

Privé ou public, une signification différente

L’emplacement choisi sur le corps ne relève pas du hasard. Lorsqu’il se fait sur les avants bras, le cou, la nuque, des parties du corps que tout le monde est amené à voir, il met en avant une conscience de l’exclusion volontaire. En effet, le tatouage stigmate à partir du moment où il n’est pas conforme à la nature du corps. En ce sens, faire le choix de le rendre visible aux yeux de tous montre une volonté d’assumer son exclusion du collectif. Rappelons que le tatouage, malgré son évolution, n’est pas encore inscrit dans les mœurs de monsieur et madame « tout le monde ».

De par son côté irréversible, le tatouage résulte d’une démarche très personnelle et marque une étape de la vie du tatoué. Il possède une symbolique importante, une volonté de distinction subtile. De ce fait, il est souvent très recherché et sa signification marque un moment, une personne ou un passage de vie marquant dans la vie de la personne. La volonté de ne pas l’afficher au regard de tous est le signe d’une démarche différente mais tout aussi personnelle. L’aspect indéchiffrable qui résulte de ce choix est ambiguë et difficilement compréhensible. En effet, rendre secret quelque chose qui sera visible à vie est quelque peu contradictoire.

Le tatouage : un instrument de différenciation

Qu’il soit visible ou non au regard de tous, le tatouage trahit une volonté féroce de liberté. Une difficulté de s’affirmer dans le monde qui nous entoure. Ajouter à cela qu’il donne l’illusion de contrôler son propre corps, et ainsi de se réapproprier quelque chose qui nous appartient déjà. Un besoin de s’affirmer autrement en se distinguant, en marquant une coupure avec des attaches qui ont souvent blessé la vie du tatoué. C’est la quête de la distinction par une « création personnelle », comme pour se prouver sa liberté. Une prise de conscience d’un concept essentiel aux tatoués : l’affranchissement des chaines, des règles d’une société, la marginalisation à un monde qu’ils jugent inadapté à leur quête du bonheur. Enfin, il évoque (et rejoint l’idée de liberté) la volonté de s’autonomiser de ses parents, comme une rupture avec le milieu familial.

S. C.

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