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Prison: le passage d’objets illicites est une pratique courante et régulière

Prison: le passage d'objets illicites est une pratique courante et régulière

Passer des objets interdit en prison est une chose classique, voire même banale. Plusieurs témoins se sont confiés à MCE sur ce sujet.

« Tout le monde passe des trucs en prison »… Ce témoin contacté par MCE parle de cette pratique comme une chose banale et courante. Et à entendre le son de sa voix, on veut bien le croire. « Généralement, les prisonniers demandent à leur famille ce qu’ils n’ont pas en prison et tout le monde leur apporte au parloir ». Comment fait-on pour leur apporter ? La réponse est presque aussi surprenante que la simplicité d’une telle action. « Bah il suffit de mettre des vêtements amples pour tout dissimuler. Après il y a le portique métallique, mais il faut simplement faire attention à ne pas avoir d’objet en métal pour ne pas se faire contrôler plus profondément ». Une simplicité dans les faits qui contraste avec la rigueur que prône les autorités face à l’entrée d’objets illégaux en prison« J’ai déjà passé des CD, des clopes, des sandwiches ou encore du shit. C’est pas un fait nouveau, tout le monde est dans le même cas », nous explique ce témoin encore surpris de voir les médias parler d’un fait aussi récurent derrière les murs de la prison.

« J’ai reçu un coup de fil de mon ex-qui est en prison »

L’identité des passeurs est généralement connu de autorités, car il s’agit de la famille elle-même. Si parfois c’est sous la pression, dans la majeure partie des cas, c’est simplement pour que le prisonnier conserve un confort derrière les barreaux. Une jeune femme, dont l’ex-petit ami est aujourd’hui incarcéré pendant 25 ans pour des faits de violences aggravés, raconte à Ma Chaîne Etudiante qu’un soir, elle a été surprise par un de ses appels. La raison de ce coup de fil ? « Sa peine est de 25 ans, mais quand on l’entend parler, pour lui rien a changé ». L’homme, pourtant derrière les barreaux, vit comme s’il ne lui était rien arrivé. Surprise de son appel, la jeune femme lui demande alors comment il a pu récupérer un téléphone portable: « il me confie alors que c’est sa famille qui lui a donné un téléphone pour toujours rester en contact ».

Une technique encore plus voyante, lancer les objets au dessus du mur

Dans la majeure partie des cas, ce sont les familles qui fournissent les prisonniers avec ces objets illicites. Dans certains établissements pénitentiaires, la chose est même simplifiée. « Des fois, il suffit de mettre un objet dans un sac avec un caillou. On se place le long du mur de la prison et on le jette de l’autre côté », explique le premier témoin interrogé par MCE. Mais cela comporte un risque. Cette technique est utilisée par des proches ne souhaitant pas avoir de contact avec les surveillants pénitentiaires présents aux parloirs. Mais « dans ces cas là, c’est surtout des objets illicites comme du shit ».

Les gardiens de prison en parti responsables ?

Il est bien connu que c’est en faisant les coups les plus simples que l’on passe entre les mailles du filet… Mais la généralisation de ces pratiques pourrait mettre la puce à l’oreille de certains gardiens. « Ils ne voient pas, ou ils font semblant de ne pas voir », explique cette source qui souhaite rester anonyme. Pour preuve, les fouilles au retour de parloir ne se sont pas systématiquement sur les détenus. « Ils en prennent un au hasard et ils le fouille. Il faut juste croiser les doigts pour pas que ça tombe sur toi », explique notre témoin. En cas de flagrant délit avéré, la sanction peut aller d’une simple interdiction de visite à un passage au tribunal. « Mais je n’ai jamais vu quelqu’un passer en jugement pour de tels faits ». Et de toute façon, l’article 57 de la loi pénitentiaire de 2009 interdit les fouilles systématiques de détenus à la sortie des parloirs, ce que Jean-Jacques Urvoas, ministre de la Justice, souhaite faire abroger rapidement pour mieux sécuriser les prisons françaises.

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