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La Présidentielle des petits candidats: la balade picarde de Bastien Faudot

La Présidentielle des petits candidats: la balade picarde avec Bastien Faudot

Le Conseil Constitutionnel égrène la liste des élus qui parrainent un candidat à la présidentielle. Pour les petits candidats la bataille est rude.

Le Conseil Constitutionnel a commencé à égrener les noms des élus qui ont parrainé un candidat à la présidentielle. Et si François Fillon en a déjà plus de 1 000 validés, pour certains petits candidats, ce n’est pas si simple.

Bastien Faudot, un géant chez les touts petits

Il rigole quand on lui présente notre projet. Interviewer les « petits candidats » à la présidentielle.

« Avec moi et mon mètre quatre-vingt-neuf, c’est raté! »

Et c’est vrai que Bastien Faudot impose. Son parcours politique commence très tôt. A 22 ans, il s’engage pour Jean-Pierre Chevènement au Mouvement Républicain et Citoyen (MRC). Il en devient même le porte-parole quelques années après.

Et puis quand Jean-Pierre Chevènement renonce, Bastien Faudot prend les rênes. Il se considère un peu comme son héritier légitime. D’ailleurs il ne comprend que les médias parlent de tous ces pseudos-chevènementistes.

« Florian Philippot, il n’a jamais été encarté au MRC. Il n’a pas eu de relations avec Jean-Pierre Chevènement à ma connaissance, » explique-t-il quand on lui demande ce qu’il pense du quotient chevènementiste du Front National.

Contrairement à lui, Bastien Faudot s’est beaucoup impliqué au sein du parti. Aujourd’hui il connaît personnellement beaucoup des responsables locaux du parti.

Ce lundi matin, enfin disons plutôt en cette belle fin de matinée du lundi 16 janvier, il prend la direction de Laon. Le départ initial de la gare du Nord est prévu à 8h36, à la minute près. Mais la veille au soir, on reçoit un texto qui nous demande de venir plutôt pour le train de 11h36.

La raison de ce contre-temps ?

« J’étais chez moi, à Belfort, et je ne savais pas que le train était prévu aussi tôt ce matin, » se justifie Bastien Faudot. Réveillé bien plus tôt pour prendre le premier train direction Paris, il nous retrouve sur le quai où nous attendait le train de 11h36 pour Laon.

Autant dire que ce n’était que le début de la journée. Une journée consacrée à rencontrer plusieurs maires et les rallier à la cause. Obtenir 500 parrainages c’est difficile quand on est issu d’un petit parti !

Sa stratégie est de s’adresser aux petits maires. De préférence les non-encartés. Ceux qui n’ont pas peur des hautes instances d’un parti.

Ces maires, c’est un ancien conseiller municipal MRC de Laon qui les a contactés. Michel nous attend à la gare, légèrement pressé par l’agenda de Bastien Faudot qui s’est resserré. Il nous accorde tout de même trente minutes top chrono pour manger un bout. Une portion de volaille sauce champignon avec frites, dans le petit café de la gare.

« C’est vraiment bien ces cafés de la gare. Celui chez moi a dû fermer, » commente Bastien Faudot pour lancer la discussion. Il faut dire que le cadre est pittoresque. A la sortie de la gare, sur votre gauche, un petit café-bar accueille les voyageurs et les habitués. Il est presque 14 heures. Le barman est en train de discuter avec deux clients et salue chaleureusement notre guide de la journée.

Une journée au pas de course

Comme on est pressé, la serveuse nous propose donc le poulet-frites alors qu’on s’installe à une des petites tables près de la fenêtre. On se croirait presque dans un dinner américain revisité sauce française. Les tables près de la fenêtre sont coincées dans des petits box en lambris. Le bar est couvert de lambris en bois brut.

Et puis d’un coup, au milieu d’un monologue de Michel, Bastien Faudot s’intéresse à ce qui est dit à la télévision, accrochée au coin du mur. On est au lendemain du deuxième débat de la primaire de la gauche.

S’il ne se lance pas dans les pronostics, il évoque furtivement sa candidature avortée par Jean-Christophe Cambadélis. La preuve que les « petits candidats » ne sont pas les bienvenus dans le jeu de la présidentielle.

A la fin du repas, un long périple en voiture commence. Michel a prévu de nous faire rencontrer deux maires de petites communes voisines à Laon. Il nous informe dès le début qu’il y en a pour vingt minutes de voiture pour aller chez le premier maire.

Prendre le pouls de la population

Bastien Faudot profite donc du voyage pour discuter avec son guide. Assis à l’avant, côté passager, il se montre très curieux. Le candidat à la recherche de parrainages pose beaucoup de questions sur la situation de la région.

On comprend assez vite qu’en Picardie, il y a un véritable foyer MRC. Mais les élus sont menacés par la droite et l’extrême droite. C’est le cas du premier maire que l’on rencontre. Dans sa petite ville de 200 personnes, le FN fait une percée monumentale aux dernières élections.

Pour autant, il n’est pas question pour ce vieux monsieur à moitié endormi de donner son parrainage à Marine Le Pen. S’il a l’air un peu fatigué, c’est sans doute parce qu’on l’a réveillé.

Quand on entre dans la ville en voiture, on ne croise pas âme qui vive. Quelques maisons se font face de part et d’autre de la rue principale. A vue de nez, elle n’est pas plus longue qu’un kilomètre.

Et quelque part entre ces petites maisons campagnardes, un grand bâtiment municipal. D’un côté de la porte principale, l’école, de l’autre, un petit potager. Au milieu, une mairie close.

La Présidentielle des petits candidats/ la balade picarde avec Bastien Faudot (grande)
La Présidentielle des petits candidats/ la balade picarde avec Bastien Faudot (grande)

Première leçon : quand on est petit, on ne nous réserve pas de haie d’honneur

Michel dégaine son téléphone et appelle le maire de Chailvet. Le maire avait oublié que Bastien Faudot devait venir. Après le coup de fil, il se prépare à la hâte pour nous rejoindre à la mairie, à deux minutes à pied de son domicile.

Mais pendant son entretien avec Bastien Faudot, on regrette un peu de l’avoir secoué. Il nous fait asseoir dans la cuisine à l’entrée de la mairie et prend place face à Bastien Faudot.

La Présidentielle des petits candidats/ la balade picarde avec Bastien Faudot (grande)
La Présidentielle des petits candidats/ la balade picarde avec Bastien Faudot (grande)
La Présidentielle des petits candidats/ la balade picarde avec Bastien Faudot (grande)
La Présidentielle des petits candidats/ la balade picarde avec Bastien Faudot (grande)

Les bras croisés, il s’adosse confortablement à sa chaise et semble repartir au pays des rêves. De temps en temps, quand il est interpellé directement par le candidat, il répond quelques phrases hésitantes. A vrai dire, il marmonne quelques mots dans sa barbe blanche qu’on ne comprend pas toujours.

Mais lui, au moins, est venu. Les deux autres élus que l’on devait rencontrer, on ne les verra finalement pas. L’un avait noté le rendez-vous à la mauvaise page de son agenda. L’autre avait tout simplement oublié… Dommage pour Bastien Faudot pour qui ce déplacement compte énormément.

La Présidentielle des petits candidats/ la balade picarde avec Bastien Faudot (grande)
La Présidentielle des petits candidats/ la balade picarde avec Bastien Faudot (grande)

Jamais Bastien Faudot ne semble inquiet

Conseiller départemental, il sortait d’une réunion sur le budget du département à 18h. Rendez-vous était donc pris à la sortie de cette réunion. Mais en arrivant au conseil général, on apprend de ses collègues qu’il a quitté la réunion précipitamment, pressé de rentrer chez lui. C’est ce qu’on appelle poser un lapin. Et un beau. C’est tout de même le deuxième.

A-t-il pris peur à l’idée de devoir promettre un parrainage à Bastien Faudot ? Le fait est que contacté au téléphone quelques minutes plus tard, il propose de se retrouver le lendemain. Entre deux rendez-vous.

C’est ça la difficulté d’être un petit candidat. On n’imagine pas un maire d’une petite commune rurale « oublier » la visite d’un François Fillon ou d’un Manuel Valls.

Mais Bastien Faudot ne semble pas s’en offusquer outre mesure. Au contraire, cela semble même être une habitude. D’ailleurs il semble beaucoup plus gêné pour nous.

« C’est dommage pour votre reportage quand même. »

Mais puisque son agenda s’est libéré, pourquoi ne pas faire un peu de tourisme.

Découverte de l’arrière pays Picard

Michel a transformé les rendez-vous en visite de la région. Pendant deux heures, il nous traîne en voiture. Un bus touristique personnel. Deux heures, c’est bien ce qu’il faut pour se balader sur le Chemin des Dames, couvert d’une épaisse nappe de brouillard et de neige.

La Présidentielle des petits candidats/ la balade picarde avec Bastien Faudot (grande)
La Présidentielle des petits candidats/ la balade picarde avec Bastien Faudot (grande)

La route s’étend ainsi sur plusieurs kilomètres. Rien d’autre à perte de vue que des champs d’herbe et le bitume. Et parfois, une petite maison sur le côté de la route. Ou un cimetière.

Il nous fait visiter également la vieille ville de Laon et sa cathédrale. Bastien Faudot est scotché par l’architecture de cette cathédrale. Pas très imposante de l’extérieure. Gigantesque de l’intérieur.

La Présidentielle des petits candidats/ la balade picarde avec Bastien Faudot (grande)
La Présidentielle des petits candidats/ la balade picarde avec Bastien Faudot (grande)

Le candidat des territoires

Pour rire, le conseiller qui nous accompagne nous dit que c’est un comble de visiter une cathédrale quand on est candidat à la présidentielle. Mais Bastien Faudot semble plus concerné par l’histoire de cette cathédrale que par son côté religieux.

D’ailleurs, tout au long de l’après-midi, il écoute religieusement son guide qui lui raconte l’histoire de la région. Dans la vieille ville il se laisse volontier interrompre par ce petit bout d’homme moustachu pour l’écouter parler d’un vieux bâtiment.

Le nez presque toujours en l’air, Bastien Faudot tente de se saisir de toute son histoire. Il aura été très peu question de son programme durant la journée.

Bastien Faudot parle beaucoup, en revanche, de son pays de Belfort. De son petit village, où il est revenu dès qu’il a pu. Là où il a passé de très belles années dans son enfance. Aujourd’hui encore, il y est très attaché.

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