Culture
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Un français: le film sur les skinheads fait « peur » aux exploitants

Un français: le film sur les skinheads fait "peur" aux exploitants

50 avant-premières annulées, les salles prévues pour la sortie d'"Un Français" réduites de moitié: la sortie du film de Diastème sur le mouvement skinhead fait peur aux distributeurs.

Le film « Un Français»de Diastème se heurte déjà à la frilosité des distributeurs et laisse un arrière goût de censure légèrement désagréable sur le cinéma français.

Un français: le sujet qui fait peur aux distributeurs

Le réalisateur Patrick Asté, alias Diastème, a publié hier un billet sur son blog, se confiant sur les difficultés liées à la sortie de son film sur le mouvement skinhead français: « les 50 avant-premières du film qui devaient avoir lieu dans 50 villes de France le mardi 2 juin sont annulées » lui a annoncé sa coproductrice Marielle Duigou. Malheureusement, les problèmes ne s’arrêtent pas là pour le réalisateur puisque sur une centaine de salles prévues pour la sortie du film par Mars Distribution, le film ne sortira maintenant que sur moins d’une cinquantaine de salles. Et quand Diastéme tente d’obtenir des informations, les réponses sont plutôt lapidaires: « Les exploitants ne veulent pas le film, ils ont peur » « Peur de quoi ? » « Je ne sais pas »« Les 50 !? » « Ben faut croire ». Pour le réalisateur, faire ce film était important: un film « nécessaire, que les gens doivent aller voir, surtout ici et maintenant ». Film plus que jamais « d’actualité », et une question « d’engagement ». Au dela d’un vrai sujet de cinéma, un message de paix donc, primordial à l’heure de la montée de l’extrémisme et du Front National.

Un français: le mouvement skinheads reste tabou en France

La controverse autour de la sortie du film est en effet étonnante. En France, hormis le documentaire de Marc-Aurèle Vecchione, « Antifa, chasseur de skins », le mouvement skinhead a été très peu traité sur petit et grand écran. On repense forcément à «American History X» aux Etats-Unis et «This is England» au Royaume-Uni qui abordaient ces thématiques et qui se sont hissés en quelques années aux rangs de films cultes. En France, le chemin semble encore parsemé d’embuches pour parler du mouvement skinhead. Et pourtant, comme le rappelait Diastème dans le dossier de presse du film, il est plus que nécessaire de revenir sur ces mouvements loin d’être marginaux à l’époque: «Et je rappelle au passage ce que la presse semble occulter : le Front National est un parti qui a du sang sur les mains. Les présentateurs télé l’oublient, moi, je m’en souviens. Ce parti a été créé par des Nazis français, on ne peut pas le traiter comme les autres partis, on ne peut pas occulter cette dimension historique. Aujourd’hui encore, nombre de collaborateurs de Marine Le Pen sont des anciens du GUD ». Un film important pour le réalisateur donc, qui sortira malgré tout le 10 juin prochain dans les salles, et trouvera, on l’espère, son public.

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