Culture
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Hyena: coup de sang à Notting Hill

On a vu le film Hyena, un polar nerveux en salles cette semaine. On vous dit ce qu'on en pense

Une hyène parmi les lions

Michael Logan est un ripoux. Un vieux loup de flic, shooté à l’alcool et à la cocaïne, si corrompu par les magouilles et la crasse dans laquelle il traine qu’on ne voit plus bien ce qui le distingue des gangsters qu’il côtoie. Mais dans le gang de Michael, ils sont 33 000. Toute la Police de Londres, à la fois complice et arbitre d’un système mafieux globalisé. Pourtant, cette routine criminelle est sur le point d’être bouleversée : l’arrivée en ville de gangsters Albanais ultra-violents va remettre en cause l’ordre établi. Face aux coups de machettes de ces nouveaux caïds, l’instinct de Michael pèse bien peu. Logan l’animal a trouvé plus sauvage que lui.

Les cousins Johnson-Ferdinando enfoncent le clou

Tourné dans les rues les plus sombres de Notting Hill, Hyena propose une vision inédite d’un quartier qui n’évoquait jusqu’ici qu’une brit-comédie romantique : dans Hyena, les guerres des gangs, les caïds des narcotiques et le trafic d’êtres humains donnent un sérieux coup de canif au joli décor où Hugh Grant tombait pour Julia Roberts. Pas de stars hollywoodiennes dans le second film de Gerard Johnson, mais plutôt des gueules connues (ou appelées à le devenir) du cinéma britannique. En tête, Peter Ferdinando, bluffant d’intensité en ripoux dépassé par ses magouilles, n’est autre que le cousin du réalisateur. Johnson lui avait déjà confié le rôle principal de Tony, son premier film très réussi. C’est donc une double confirmation : une même vision radicale, la même nervosité dans le jeu ou la réalisation. Les deux cousins se subliment mutuellement, et offrent avec Hyena une fresque poisseuse et documentée des bas-fonds londoniens. Pour préparer ce film, Johnson et Ferdinando ont embarqué avec de vrais flics de la capitale britannique. Ils ont suivi leurs enquêtes, leurs descentes de Police, et tenté de cerner les personnalités complexes de ces oiseaux de nuits, confrontés chaque jours aux pans les plus sombres de nos villes. Cette vérité presque documentaire, on la sent dans Hyena, qui se paye aussi le luxe d’être un bel objet esthétique. Particulièrement les prises nocturnes. Bref, on tient déjà l’un des polars de l’année. Et tant pis si la fin ne plait pas à tout le monde…

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