Taj Mahal, qui sort cette semaine au cinéma, est inspiré de l'histoire vraie d'une jeune fille retranchée dans sa chambre d'hôtel durant les attentats de Bombay en 2008
Et nous, que ferions nous ? Comment réagirions nous si d’aventure on se retrouvait au cœur de l’horreur ? Voici le genre de questions que Louise (le prénom a été changé) n’a pas vraiment eu le temps de se poser lorsque, le 26 novembre 2008, elle se retrouve au cœur des attaques terroristes qui frappent Bombay. Retranchée dans sa chambre de l’hôtel Taj Mahal Palace, l’un des 8 lieux visés par les assaillants, Louise passe par toutes les émotions, à commencer par la peur de voir les terroristes entrer dans la pièce. En liaison téléphonique avec ses parents, l’adolescente voit littéralement sa vie défiler, tandis qu’une prise d’otage sanglante a lieu quelques étages plus bas. Ce huis clos angoissant auquel personne n’est préparé, Nicolas Saada a fait le pari de le retranscrire dans un film.
La vraie Louise a participé au tournage de Taj Mahal
Amateurs d’actions et de scènes catastrophes, passez votre chemin. Autant vous prévenir : hormis quelques brèves images d’archives, on ne voit presque aucun terroriste. Seules leurs ombres inquiétantes s’invitent lors de la scène la plus effrayante du film. Et là est tout le mérite du réalisateur : nous faire frissonner, jusqu’au bord du sursaut, sans jamais filmer plus que l’ombre de la menace. En suggérant le danger sans le montrer, Taj Mahal nous place dans la peau de son personnage principal. Vulnérable et pourtant si pleine de ressources, Louise se sort de ce cauchemar avec un courage et un sang-froid dont elle ne se savait pas capable. La véritable Louise a participé à chaque étape du film, de sa préparation jusqu’au montage, en passant par sa présence sur le tournage. L’actrice Stacy Martin (Nymphomaniac), qui l’interprète dans Taj Mahal, a pu longuement discuter avec elle pour appréhender son état d’esprit pendant la prise d’otage.
Un écho intimiste aux attentats de Paris
Tragique ironie du sort, Taj Mahal sort au cinéma quelques jours seulement après les attentats de Paris. Outre le mode opératoire, une attaque coordonnée en plusieurs endroits d’une même ville, ce film résonne d’autant plus dans l’actualité qu’il ne parle pas (ou pas seulement) des attentats de Bombay. Il est ici question de notre état de sidération, de notre impuissance, mais aussi de notre capacité de réaction face à l’horreur type d’un attentat terroriste. Ce que nous ferions à la place de Louise, nous n’en savons probablement rien.
Après les attentats de Paris, Le distributeur maintient la sortie de Taj Mahal
Suite aux attaques terroristes ayant fait 130 victimes le 13 novembre dernier, un report de la sortie du film (comme ce fut le cas pour Made in France) a été envisagé par le distributeur, Bac films, qui a finalement publié un communiqué, dont voici un extrait :
« Nous nous sommes demandé si dans cette période éprouvante que nous traversons tous, il y avait de la place pour ce film, si distancé soit-il, quitte à en repousser la date de sortie.
Mais nous pensons que face à l’obscurantisme, à la terreur, à l’indicible, le Cinéma est là pour ouvrir au dialogue. Il nous permet dans ces moments difficiles de regarder le monde tel qu’il est.
Et nous sommes certains que reculer aujourd’hui, c’est capituler demain. »
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