Studieuse et intelligente, Kee-Yoon Kim était devenue une brillante avocate. Mais l'envie de faire rire, plus forte que tout, l'a poussée sur les planches
En jupe courte et talons hauts, Kee-Yoon incarne une féminité relativement rare dans l’humour, où les hommes et leur langage ont longtemps eu la part belle. A 32 ans, la jeune femme fait un virage à 180 degrés, délaissant sa robe d’avocate pour une toute autre tenue de scène.
Le One Woman Show, elle en rêvait depuis les premiers éclats de rire de ses confrères avocats, lors d’un concours d’éloquence, où elle enchaînait les blagues qui auraient pu tout aussi bien être des sketchs. Ces sketchs, elle y pensera de plus en plus après être devenue avocat d’affaires dans un grand cabinet parisien. L’enfant sage et bien rangée finit par démissionner pour tenter sa chance, et commence par des premières parties, celles de Olivier de Benoist et surtout Claudia Tagbo, qui devient sa marraine dans le métier. Galvanisée par ce nouveau départ, et bourrée de talent, elle remporte le Montreux Comedy Casting 2012 et le Tremplin de l’Humour 2013. Malgré ses doutes et la peur panique de sa maman hyper-protectrice, Kee-Yoon se jette dans le grand bain de l’humour et écrit son premier spectacle, Jaune Bonbon.
Kee-Yoon, le cynisme et l’élégance réunis
Passant en revue les méchants, qu’elle a croisé au détour de gardes à vue, de passages en prison ou au tribunal, son enfance et sa famille, sur lesquels elle pose un regard tendre et ironique à la fois, et ses origines sud-coréennes, sources de nombreux clichés dont elle préfère rire, Kee-Yoon nous entraîne dans son monde Jaune Bonbon, où l’humour noir côtoie une charmante fantaisie. Légère, pertinente et décalée, la jeune humoriste fait des débuts prometteurs sur la scène du Théâtre du Gymnase, où elle se produit chaque jeudi. Le public est conquis et la presse la plébiscite. Pétillant et frais sont les adjectifs qui reviennent le plus dans les commentaires du site BilletRéduc.
Cynique sans être vulgaire, l’artiste impose son style en décalage avec celui des humoristes françaises à succès. Muriel Robin, Florence Foresti ou les nouveaux noms de l’humour comme Nawell Madani ou Bérengère Krief, font rire en empruntant certains « codes » masculins où les expressions « cash » sont légion. Kee-Yoon semble nager à contre-courant de ce style, dans des eaux où personne ne semble s’être aventuré. Avec une classe certaine.
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Lauren Clerc
Photo DR @Blog Le Monde
Tags : humoriste