Le Compte Personnel d'Activité est entré en vigueur le 12 janvier. Mis en avant auprès de la jeunesse durant les manifestations de la Loi Travail, qu'en est-il réellement ?
« Aujourd’hui, les parcours professionnels sont moins linéaires, on ne garde plus le même emploi toute sa vie ». En présentant le Compte Personnel d’Activité (CPA) sur son site internet, le gouvernement donne le ton. Le CPA va vous servir à poursuivre votre carrière peut importe les méandres du monde de l’entreprise. Mais il est bon de savoir une chose. Comment va-t-il servir la jeunesse étudiante de ce pays ? Car il a bien été présenté que ce CPA était une mesure de la Loi Travail qui devait satisfaire les jeunes. Entré en vigueur le 12 janvier dernier, qu’en est-il réellement? Olivier Haquet, expert en formation et fondateur de la société Adomlingua, est venue sur le plateau de l’Interview Campus afin d’éclaircir cette question.
Trois comptes dans un compte
Le CPA est composé en trois parties. Le Compte Personnel de Formation (CPF), le Compte Engagement Civique (CEC) et le Compte Personnel de de Prévention de la Pénibilité (C3P). Chaque Français ayant dépassé ses 16 ans se voit ouvrir un compte. Le but est d’individualiser les parcours professionnelles de chacun afin que les changements de vie ne fassent perdre aucun droit. Mais encore une fois, comment la jeunesse peut-elle être avantagée ?
La première réponse vient avant tout avec le CEC, le compte engagement citoyen. Ce dernier va fondamentalement changer l’approche du service civique chez les jeunes. Car celui-ci est destiné à recenser toutes les activités bénévoles ou volontaires dans une association reconnue par l’Etat. Il valorise ainsi la reconnaissance des compétences acquises à travers ces activités. Chose complètement mise de côté précédemment. Autrement dit, un engagement associatif vous permet d’avoir accès à certaines formations professionnelles et vous donnent la possibilité d’accueillir des droits. Un message clair envoyé aux jeunes pour donner une valeur à leur engagement.
« Il va être valorisé, c’est clair », explique Olivier Haquet. « Mais malgré tout, il faut préciser les choses. Le CPA est un dispositif nouveau qui a seulement quelques jours », précise le spécialiste. Autrement dit, il reste à savoir comment le CEC va être organisé et quel impact il aura sur les générations futurs de travailleurs. C’est en tout cas un signal fort envoyé la jeunesse. Même si Olivier Haquet tient avant tout à préciser que le CPA est avant tout une mesure mise en place pour tous les Français.
Un job étudiant valorisé avec cette nouvelle réforme ?
Mais le CPA n’est pas un changement pour les jeunes que par le CEC. En effet, les jeunes étudiants ont souvent recours à des jobs étudiants pour financer leurs études. Et sauf cas exceptionnel, ce travail est rarement une partie de plaisir. Horaires compliquées, travail manutentionnaire fatiguant, équipe de nuit, roulement des emplois du temps… Tous ces éléments vont maintenant rentrer en compte dans les droits des jeunes. Car si ce travail est rarement mis en avant dans le CV (hors cursus universitaire), il ne sera cependant pas perdu.
Expliquons brièvement comment. Ce C3P n’est pas une mesure qui vise directement les jeunes. En effet, le Compte de Pénibilité sert avant tout la cause des travailleurs en usine ou aux emplois fatigants physiquement. Il permet d’évaluer la difficulté d’un travail et permet d’avoir accès à des droits. Ces droits permettent de partir en retraite plus tôt, ou de faire un mi-temps payé à taux plein… Mais aussi a acquérir des points de formations professionnelles.
Alors que les étudiants diplômés d’université sont souvent pointés du doigt pour leur manque de formation professionnelle, cette possibilité va permettre de se former professionnellement. Autrement dit, un travail étudiant n’est plus du temps de perdu, ni une prise de risque sur ses études. Avec la formule du C3P, cela pourrait même devenir un bénéfice une fois le diplôme obtenu.
Le Compte Personnel d’Activité comblera-t-il le fossé entre jeunes diplômés et entreprises ?
On est donc en droit de se demander si le CPA va combler cette attente entre les jeunes et le monde de l’entreprise. Alors que le nombre de diplômés est de plus en plus important, les attentes des entreprises pourront-elles être comblées avec un jeune ? « Il y a une grande différence avec ce qu’on apprend à l’université et ce qu’on a besoin dans la vie professionnelle. Le CPA répond à cette idée. Le monde est très fluctuant. Jamais une formation initiale ne permettra de répondre à ces changements. Le CPA, lui, va le permettre », explique Olivier Haquet.