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Alternance: la face cachée du contrat de professionnalisation

Alternance: la face cachée du contrat de professionnalisation

L'alternance est le choix favori des étudiants pour leur avenir. Si le contrat de professionnalisation semble être une alternative idéale, la réalité est tout autre.

« Je suis à la recherche d’une alternance pour poursuivre ma 3ème année de communication. Est ce que quelqu’un aurait des pistes sur Montpellier ou Lyon ? ». Marion semble désespérée sur un groupe Facebook consacré au recrutement. Nombreuses sont les publications de ce type sur les réseaux sociaux. Facebook, LinkedIn, Twitter ou Viadeo, les étudiants multiplient leurs chances de décrocher le sacro-saint contrat de professionnalisation. Souvent perçue comme un moyen de se professionnaliser, d’obtenir un diplôme, de financer ses études tout en percevant un salaire, l’alternance est très prisée des étudiants. Et les écoles l’ont bien compris. Ces dernières années, le nombre de formations en contrat de professionnalisation a explosé. Mais si effectuer ses études en alternance n’a que des avantages, pourquoi tant d’étudiants ne parviennent pas à décrocher de contrat ?

Difficile de décrocher le fameux contrat de professionnalisation

« J’ai su que je voudrais faire de l’alternance alors que je n’étais qu’en première année de classe préparatoire », explique Clara, étudiante en école de commerce, à Ma Chaîne Étudiante. Pour les étudiants, le contrat de professionnalisation est une alternative idéale. Il permet de poursuivre ses études jusqu’à un niveau Master tout en étant dans la vie active. « C’est pour moi un moyen de mettre en pratique ce que j’apprends à l’école, de faire quelque chose de concret de mes connaissances théoriques », précise Clara. À l’heure où la concurrence fait rage sur le marché du travail, une expérience professionnelle au sein d’une entreprise d’au moins six mois est un avantage considérable. D’autres, comme Karim note également un intérêt financier important dans le fait d’effectuer ses études en alternance. L’étudiant en 3ème année de Bachelor a été accepté en Master de direction artistique dans une école privée, « mais concrètement je n’ai pas les moyens de me payer l’école », raconte-t-il à MCE. Alors que le mois de juin touche à sa fin, Karim épluche les annonces et les réseaux sociaux dans l’espoir de décrocher un contrat.

L’alternance, seules les grosses entreprises peuvent se l’offrir

L’alternance est également avantageuse pour les entreprises, ou plutôt pour certaines d’entre elles. Selon Sébastien Louët, chargé des Relations Entreprises du réseau d’école GES, « un contrat de professionnalisation est un investissement en temps et en argent pour les entreprises ». Si l’État accorde de 500 euros par trimestre aux entreprises de moins de 250 salariés qui embauchent un étudiant en alternance, cette subvention n’est pas toujours suffisante. Bien souvent, seules les grosses entreprises ont les capacités nécessaires pour investir dans la jeunesse. Les PME quant à elles n’ont pas le temps de former les étudiants, ni les moyens et préfèrent engager des stagiaires. C’est ce à quoi est confrontée Clara depuis maintenant deux ans. Dans sa formation, annoncée en contrat de professionnalisation, seul un tiers des étudiants sont en alternance. Et sur ce même tiers, la moitié occupent un poste inférieur à celui auquel ils sont formés. « Les entreprises préfèrent embaucher des stagiaires plus malléables et moins bien rémunérés », constate la jeune femme avec une certaine amertume. Sébastien Louët, quant à lui regrette une « vision à court terme des entreprises » qui embauchent uniquement des stagiaires. Mais il dénonce également un « manque de communication de la part des pouvoirs publics ».

Quand les entreprises créent leur propre formation

Certaines grosses entreprises de leur côté résolvent le problème différemment. Elles investissent directement dans les étudiants en créant leur propre école, ou en passant des accords avec des universités. C’est notamment le cas de DIFCAM, la structure dédiée à la formation en alternance du Crédit Agricole. « À sa création, DIFCAM résultait d’une volonté d’avoir son propre outil de formation pour couvrir les besoin en recrutement du Crédit Agricole », explique Christian Carata, directeur des CFA du groupe. Le secteur de la banque et des assurances recrute de nombreux étudiants. Chaque année, 10 000 étudiants intègrent les banques en alternance. Mais il s’agit malheureusement d’une minorité des secteurs. S’il existe certains avantages fiscaux à l’embauche de contrat de professionnalisation, la plupart des entreprises restent frileuses. Et de nombreux étudiants n’ont toujours pas d’entreprises à seulement deux mois de la rentrée. Pour Karim l’étau se resserre, l’étudiant a jusqu’au mois d’octobre pour trouver une entreprise : « si je n’ai rien d’ici là, je m’accorderait une année de césure pour voyager », confie-t-il à Ma Chaîne Étudiante.

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