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Discours de Geneviève Fioraso, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche lors du 83ème congrès de l’Union Nationale des Etudiants de France (UNEF)

Geneviève Fioraso s’est adressée aux étudiants lors du Congrès de l’Union Nationale des Etudiants de France à Toulouse le jeudi 18 avril 2013. Voici l’intégralité du discours qu’elle a prononcé

Monsieur le Président de la Région Midi-Pyrénées, cher Martin Malvy, Monsieur le Président du Conseil Général de Haute-Garonne, cher Pierre Izard, Monsieur le Maire de Toulouse, cher Pierre Cohen, Monsieur le Recteur, Messieurs le Président de l’université Paul Sabatier, cher Bertrand Monthubert, Monsieur le Vice-président de l’université Toulouse le Mirail, Christophe Mange Monsieur le Président de l’UNEF, cher Emmanuel Zemmour, Mesdames, Messieurs, chers amis.

Je vous remercie de votre invitation, que j’ai tenu à honorer. Je voulais être avec vous aujourd’hui. Pour parler de l’avenir de l’université. Pour débattre de vos attentes. Et pour traduire en actes la priorité donnée à la jeunesse par le Président de la République.

Votre congrès représente un moment fort du débat public. Les orientations que vous allez adopter, les attentes que vous allez exprimer, sont autant d’indicateurs de l’état d’esprit de la jeunesse que nous devons entendre.

L’UNEF est non seulement l’organisation qui a la confiance des étudiants, comme en témoignent vos résultats électoraux. Mais cent ans de syndicalisme étudiant ont contribué à écrire bien des pages d’histoire de notre pays, ses révolutions culturelles, ses changements économiques, ses mutations sociales. Vos combats ont résonné bien au-delà de l’université. La densité de vos relations avec les syndicats de salariés le démontre. C’est à une organisation responsable, indépendante et exigeante, qui fait pleinement partie de notre paysage social, que je m’adresse aujourd’hui.

Contrairement à Valérie Pécresse, je ne m’autoproclamerai pas « ministre des étudiants », encore moins « ministre mère de famille », pour m’adresser à vous. Ce n’est ni le bon ton, ni surtout, la bonne approche. Les étudiants sont des interlocuteurs naturels pour la ministre de l’enseignement supérieur. Et ma présence parmi vous, une première pour un ministre depuis bien des années, illustre le changement de considération du gouvernement à l’égard de la jeunesse, le retour du dialogue, et une conviction profonde : les étudiants sont la force motrice des changements dont l’enseignement supérieur à besoin.

Car ce qui intéresse les Français, ce qui est utile au pays, ce qui compte pour l’avenir, c’est de renforcer l’accès de tous à la formation, pour relancer l’ascenseur social, pour aider les salariés en reconversion avec la formation tout au long de la vie inscrite dans la loi, et pour innover dans les filières d’avenir. L’élévation du niveau de qualification de toute une génération représente un défi économique et social majeur. Former la jeunesse, ce n’est pas une dépense, c’est un investissement pour préparer l’avenir.

C’est cet esprit qui anime le projet de loi que je défends au nom du gouvernement. Ce texte apporte une réponse législative à des enjeux que la LRU avait ignorés. La réussite des étudiants, l’orientation, la coopération au lieu de la compétition, la lisibilité des formations… Voilà les vrais sujets !

Oui, il fallait corriger les erreurs de la LRU. Rompre avec la présidentialisation des universités grâce au rééquilibrage des pouvoirs et au renforcement de la présence des étudiants et des personnels dans les conseils. Rompre avec le laisser-faire et la compétition grâce au retour d’un Etat stratège et régulateur. Rompre avec la course aux classements internationaux, la concentration des moyens sur quelques projets et quelques établissements.

Ces mesures étaient les marqueurs d’un projet élitiste dont nous constatons aujourd’hui les résultats bien loin des effets d’annonce triomphalistes du précédent gouvernement. Le bilan, c’est un quart des universités en situation financière difficile, et un essor de la précarité que nous nous sommes engagés, à raison de 8000 emplois stabilisés sur le quinquennat.

Il fallait rompre avec cette politique en trompe l’œil, mais je vous dis en même temps ça ne suffit pas. Plus on a parlé de gouvernance ces dernières années, moins on a parlé du projet de la Nation pour son Enseignement supérieur. L’essentiel c’est la réussite des étudiants, qui a baissé de 5 points entre 2006 et 2011 malgré les promesses mirobolantes du plan réussite en Licence. L’essentiel c’est la justice sociale, alors que l’orientation, la réussite ou l’échec accentuent les inégalités sociales et culturelles. L’essentiel, c’est la parité à l’université, que la loi rend obligatoire, pour ouvrir les carrières scientifiques aux femmes, et pour que l’égalité entre les femmes et les hommes reprenne sa marche en avant.

L’essentiel, c’est l’excellence pour tous, car chacun a le droit d’accéder à une formation du meilleur niveau sur l’ensemble du territoire. L’excellence est une exigence pour tous.
Je sais que ces orientations étaient attendues, notamment par les étudiants. Mais pour relancer la démocratisation, il faut aller plus loin. Cela fait partie de vos attentes et vous avez raison.

L’université française est un outil puissant et performant, qui a su depuis 40 ans concilier une recherche de haut niveau et un enseignement de qualité, ouvert à de nouveaux publics étudiants. Aujourd’hui, elle a besoin d’un nouvel élan. Le taux de poursuite d’études stagne depuis 1995. Les enfants de familles aux revenus modestes sont sous-représentés dès la licence, encore moins nombreux en master, et quasiment absents des effectifs en doctorat. L’ascenseur social régresse. Voilà pourquoi la loi fixera un cap ambitieux : diplômer 50 % d’une classe d’âge. La France ne souffre pas d’un trop plein d’étudiants, mais d’un manque de diplômés par rapport aux pays équivalents au nôtre, et même aux pays émergents. Alors, je l’affirme ici devant vous : c’est l’université des 3 millions d’étudiants que nous devons construire d’ici la fin de la décennie. Ce sera le thème principal de mon propos devant vous : tous nos efforts doivent désormais converger vers la réussite du plus grand nombre.

La loi offre des outils nouveaux pour permettre la rénovation du cycle Licence que j’appelle de mes vœux. Pour lutter contre l’orientation par défaut, elle facilite l’accès des bacheliers professionnels en STS et des bacheliers technologiques en IUT où leur taux de réussite est bien supérieur. Pour rénover les méthodes pédagogiques, elle donne un cadre législatif à l’usage du numérique, à la mise en ligne des enseignements, à la formation à ces nouveaux outils et à un enseignement plus personnalisé, en petits groupes. Pour favoriser les réorientations sans redoublement, elle encourage la spécialisation progressive en Licence. Il s’agit d’un socle législatif ambitieux, sur lequel il nous faut désormais construire la réforme globale du cycle licence, qui reposera sur plusieurs principes :

1)Le premier est mon souhait tout d’abord de renforcer le cadre national des diplômes et simplifier radicalement les intitulés de formation. Le caractère national du diplôme est une garantie pour la reconnaissance sur le marché du travail des qualifications acquises. La mise en place d’une démarche d’accréditation des établissements à dispenser des formations supérieures, en remplacement de l’habilitation par diplôme qui prévalait jusqu’alors, n’est pas une démarche de dérégulation.

Au contraire. Je soumettrai très prochainement à la concertation un cahier des charges national de l’accréditation, qui définira les critères que devront respecter les établissements : mise en place d’équipes pédagogiques, modalités d’évaluation, environnement numérique et documentaire, réflexion sur les débouchés professionnels, développement des stages, répartition équilibrée de la carte des formations, qualité du lien entre formation et recherche…

Je souhaite également que soient fixés nationalement les objectifs de chaque formation, par mention ou groupe de mention, afin de préciser leurs attendus, leur organisation, les parcours qu’elles offrent ou les compétences transversales dont elles assurent l’acquisition.

Je souhaite enfin élaborer en concertation une nomenclature nationale des intitulés de diplômes, qui sera fixée par arrêté ministériel comme le sont déjà les modalités de contrôle des connaissances. L’objectif est de simplifier radicalement le maquis des diplômes, qui avec 1600 intitulés de Licence, 2200 intitulés de licences professionnelles, 3800 mentions et 5900 spécialités de master, est devenu illisible pour tous. Cette situation pénalise d’abord les étudiants qui ne disposent pas, dans leur environnement, des codes pour s’orienter. Vous le voyez, l’accréditation est une démarche exigeante, qui renforce le pilotage stratégique de l’Etat, tout en laissant les initiatives s’exprimer.

2) Le deuxième principe sur lequel repose la réforme du cycle Licence concernera l’orientation progressive et le décloisonnement des filières. Non seulement la loi entend faciliter l’orientation des bacs pros et technos en IUT et en STS, mais elle pose aussi le principe de la continuité entre le secondaire et l’enseignement supérieur. Il faut, dès le lycée, mieux préparer l’orientation de chaque étudiant. J’ai engagé un travail commun avec Vincent Peillon à cet effet, ce qui constitue en soi une innovation par rapport au passé.

Il faut également rapprocher, sans les confondre, les CPGE des universités pour favoriser les parcours mixtes, les réorientations et réduire ainsi la dualité grandes écoles/universités qui demeure une exception française. La loi encourage aussi la spécialisation progressive en licence, et elle favorise l’interdisciplinarité qui permet les réorientations sans redoublement et une meilleure insertion professionnelle. Je sais l’importance de ce sujet pour votre organisation. Ce que nous voulons, c’est remettre l’étudiant au cœur des préoccupations de l’université, et faire de chaque étudiant l’acteur de son projet.

3) Le troisième principe concerne l’indispensable rénovation de la pédagogie et des méthodes d’enseignement à l’université. La pédagogie doit être réhabilitée et reconsidérée dans l’enseignement supérieur. La transmission des connaissances, à tous les niveaux, cela s’apprend. La mise en place des ESPE doit contribuer à mieux former les enseignants-chercheurs à l’exercice de leur métier. Mais nous devons aussi dépoussiérer les méthodes d’enseignement à l’université. Je n’ai pas la nostalgie du cours en amphi depuis une estrade. Ce n’est plus un modèle adapté. Je n’ai jamais compris pourquoi une pédagogie jugée efficace pour un jeune de 17 ans au lycée deviendrait subitement une dangereuse régression pour un jeune de 18 ans à l’université.

Nous devons personnaliser davantage l’enseignement, renforcer la place des cours en TD ou en TP, accompagner plus spécifiquement les étudiants en difficulté, organiser l’accueil et renforcer le tutorat. L’évaluation des enseignements par les étudiants doit également se généraliser, car je suis convaincue que c’est un levier pour progresser et innover en fonction des attentes et de l’intérêt des premiers intéressés, les étudiants.

Une réforme réussie de l’enseignement supérieur exige de faire évoluer les structures, mais aussi les hommes. La loi prévoit que l’évaluation des enseignants-chercheurs intègre l’ensemble de leurs missions, notamment l’enseignement, et pas seulement la recherche. C’est un début. Mais pour construire l’université de la réussite, nous devons poursuivre la réflexion sur les évolutions du métier d’enseignant du supérieur, dont les missions doivent être en phase avec les besoins du pays et la diversité des publics étudiants. De ce point de vue, la requalification, j’allais dire la « réhabilitation » des filières professionnelles et technologiques s’impose si nous voulons réindustrialiser notre pays et développer de nouvelles filières.

4) Le quatrième principe qui guide mon action est la nécessité d’améliorer l’insertion professionnelle. Nous devons donner aux étudiants des armes pour préparer et réussir leur insertion professionnelle. Cela doit même devenir un contenu d’enseignement à part entière, optionnel ou intégré aux cursus, comprenant des éléments de méthode pour la rédaction de CV ou les entretiens d’embauche, mais aussi des cours sur la vie de l’entreprise ou le droit du travail.

Quant aux stages, ils doivent faire partie intégrante de la formation, et se développer notamment en licence. Ils permettent aux étudiants de préciser leur projet et ils améliorent l’insertion professionnelle. Mais les stages doivent demeurer un outil au service de la formation, pas un sous- emploi, ni un emploi de substitution, encore moins les deux à la fois. Des évolutions législatives seront soumises à concertation pour être votées d’ici l’été, et je vous l’annonce, elles feront l’objet soit d’un texte spécifique, soit d’amendements intégrés à la loi sur l’enseignement supérieur. C’est en discussion avec Michel Sapin, et nous y travaillons ensemble. La loi sur l’enseignement supérieur intègre déjà l’une des propositions de l’UNEF, qui souhaitait notamment que chaque stage soit effectué « en cohérence avec la formation suivie par l’étudiant ».

Simplification par la consolidation du cadre national des formations, anticipation et amélioration de l’orientation, rénovation pédagogique, enseignement plus personnalisé s’appuyant sur le numérique, insertion professionnelle : voilà les principes qui guideront la réforme du cycle licence. Des groupes de travail seront donc lancés avant le mois de juin sur ces sujets majeurs, et nous travaillerons en concertation à l’élaboration des textes règlementaires nécessaires. Je souhaite que des premières mesures soient mises en place dès la rentrée 2014 et se déploient jusqu’en 2016.

Je sais que beaucoup nous opposent la question des moyens je ne l’esquive pas. Il ne peut y avoir de réforme du premier cycle sans un effort particulier pour améliorer l’encadrement. C’est la raison pour laquelle 1000 postes d’enseignants-chercheurs et de personnels administratifs ont été créés dès 2013 et cela se reproduira chaque année pendant le quinquennat. Les dernières créations de postes remontent à 2006. Je voudrais que chacun ici mesure l’effort exceptionnel qui est fait en ces temps difficiles : le gouvernement prend ses responsabilités, et a inscrit cet engagement dans le projet de loi de finance pluriannuel adopté le 28 décembre dernier.

Comme l’a rappelé à juste titre Emmanuel Zemmour, la réussite étudiante repose aussi sur la qualité des conditions de vie. Dès notre arrivée, nous avons agi. Le budget de la vie étudiante a augmenté de 7,7 % en 2013, notamment pour financer le 10ème mois de bourse pour lequel vous vous êtes battus avec succès, mais qui n’avait pas été budgétisé par l’ancien gouvernement et faisait l’objet d’une impasse budgétaire de plus de 100 millions d’euros. Nous avons aussi actualisé le montant des bourses au niveau de l’inflation en 2012 et en 2013, ce que la droite n’avait pas prévu dans son budget initial.

Le gouvernement s’est aussi engagé à créer 40 000 logements étudiants supplémentaires d’ici 5 ans et nous avons programmé les moyens correspondant avec une dotation en hausse de 25% en 2013. La convention que j’ai signée ce lundi à Strasbourg avec la CDC permettra de financer des actions innovantes en faveur de la vie étudiante. Le financement de logements étudiants à caractère social et intermédiaire en lien avec l’opérateur national qu’est le CNOUS y est prévu.

Le financement de la mise en efficacité énergétique des logements étudiants contribuera à faire baisser les charges des loyers. Le fonds dédié mis en place pour le numérique permettra de financer des innovations pédagogiques. Les projets en matière de transfert permettront notamment de développer l’entreprenariat et la création d’entreprises, y compris dans l’économie sociale et solidaire.

La relance du plan Campus, en revenant sur l’idéologie du « tout PPP », permettra la programmation des 13 000 logements annoncés dès 2008, mais sans aucune réalisation concrète à ce jour. Ni permis de construire, ni première pierre posée après cinq ans d’annonces : pour des projets innovants, c’est un problème. A l’occasion de l’acte III de la décentralisation, j’ai proposé la définition, par décret, de critères d’attribution objectifs et transparents pour tous les logements étudiants, qu’ils soient gérés ou non par le réseau des œuvres. Les élus étudiants seront associés à la rédaction de ce décret.

Mais nous devons aller plus loin. Les attentes sont fortes. Je ne l’ignore pas. Le premier ministre a pris l’engagement devant les Assises de l’enseignement supérieur d’engager un plan national pour la vie étudiante couvrant tous les grands sujets. Le CNOUS en sera bien évidemment l’opérateur principal.

J’ai d’ores et déjà demandé à la DGESIP d’accompagner les efforts des établissements afin que soient ouverts d’ici la fin 2014 une trentaine de centres de santé universitaire. Alors que les conditions ont pu être réunies pour sauver la mutuelle nationale des étudiants, je travaille avec Marisol Touraine à l’amélioration de l’accès aux soins et au déploiement d’actions de prévention. Je suis venu vous dire que je fais mien l’engagement présidentiel de créer au cours du quinquennat, une allocation d’études et de formation, sous conditions de ressources, dans le cadre d’un parcours d’autonomie.

Je partage votre analyse : le système d’aide sociale a été conçu dans les années 1950 et ne répond plus à la situation des étudiants d’aujourd’hui. Le nouvel âge de la vie, qui sépare la fin de la scolarité obligatoire et l’insertion professionnelle durable, est une période de formation qui doit être mieux protégée socialement. Je pense également que la France n’a toujours pas clarifié sa politique, entre soutien aux familles et soutien à l’autonomie des jeunes. Le système ne prend toujours pas en compte les revenus réels des étudiants. Le sujet est donc sur la table.

Mais je veux être claire avec vous. Vous n’ignorez pas que des résistances existent par rapport aux réformes fiscales des aides étudiantes. En dehors des raisons budgétaires bien réelles, je compte sur votre engagement pour aider à faire bouger les lignes. Malgré les obstacles, nous devons avancer ensemble, et dans un contexte budgétaire qui, nous nous y employons, va s’améliorer. Je suis déterminée à tenir l’engagement présidentiel dans le mandat pour ouvrir la voie à l’autonomie que les étudiants attendent depuis si longtemps.

Nous aurons besoin du quinquennat pour déployer cette réforme. Mais le cap et les objectifs seront tenus. Le chantier est donc lancé et vos représentants vont rencontrer à la mi-mai la mission d’évaluation que j’ai installée avec le ministère du budget, sous l’autorité du premier ministre. Elle rendra ses analyses en juillet. Je le répète : cette réforme est décisive pour la relance de la démocratisation de l’enseignement supérieur. Il n’est pas tolérable que des étudiants échouent pour des raisons financières.

D’ici là, vous pouvez compter sur ma vigilance pour que les universités n’aillent pas solliciter auprès des étudiants l’argent dont elles estiment avoir besoin pour fonctionner. J’ai ainsi demandé aux recteurs de vérifier la situation des universités en matière de droits complémentaires afin de rappeler à l’ordre celles qui sortiraient du cadre légal. Dans ce débat, l’Etat est prêt à prendre ses responsabilités. Comme vous le savez, nous avons débloqué une aide exceptionnelle de 90 000€ pour permettre à l’IEP de Toulouse de faire face à ses besoins en matière de sécurité et ne pas être contraint d’augmenter ses droits d’inscription.

La balle est désormais dans le camp de l’établissement. Mais je rappelle au directeur que la réglementation sur les droits d’inscription s’applique en fonction du type de diplôme, et non du type d’établissement. Il n’est pas possible d’obliger les étudiants inscrits dans un diplôme national à payer des droits complémentaires. Cela vaut pour tous et je souhaite que ce message soit entendu.

Je souhaite enfin terminer en vous disant ma détermination à améliorer l’accueil des étudiants étrangers en France. Il n’est pas besoin de revenir sur les dommages causés par la politique xénophobe du précédent gouvernement. Chacun de mes déplacements internationaux vient me le rappeler. En abrogeant l’infâme circulaire Guéant, un an jour pour jour après sa publication le 31 mai 2011, le gouvernement a fait œuvre de salubrité publique. Je voudrais redire ici que ce gouvernement, fidèle à la tradition d’accueil de la France, considère les étudiants et les chercheurs étrangers comme une chance et non comme une charge dont il faudrait se protéger.

La France repliée sur elle-même, c’est une France qui dépérit. La France qui s’ouvre, c’est une France qui se renforce. Le message du gouvernement aux étudiants étrangers est tout à fait clair : bienvenue en France ! Je connais et j’apprécie la tradition internationaliste de l’UNEF. Je souhaite que vous relayiez le message qu’une autre politique est résolument engagée depuis un an. Je souhaite vous en livrer les principales orientations, qui seront soumises au débat parlementaire qui se déroulera au Sénat la semaine prochaine. Avec Laurent Fabius et Manuel Valls, nous souhaitons :

– la mise en place rapide du titre de séjour pluriannuel par cycle d’étude, que vous réclamez depuis 2006. Une circulaire sera prise en ce sens très prochainement. Elle concernera aussi les chercheurs.

– le passage plus facile du statut d’étudiant à celui de salarié pour les jeunes diplômés d’un master ou d’un doctorat, en allongeant la durée de validité de l’autorisation provisoire de séjour, et en ouvrant des droits au séjour beaucoup plus allégés pour les docteurs.

– l’ouverture de guichets uniques pour l’accueil des étudiants et chercheurs étrangers au sein même des universités, permettant d’accomplir en un seul lieu toutes les démarches pédagogiques, administratives et pratiques liées à une installation. Il faut passer d’une logique de contrôle à une démarche d’accompagnement.

– la clarification des rôles entre les acteurs : les consulats et les préfectures doivent rendre un avis administratif, en s’appuyant sur l’avis pédagogique et scientifique des universités concernant les candidatures reçues.

Voilà les orientations du gouvernement pour l’enseignement supérieur et pour les étudiants dont je souhaitais vous faire part. Mais avant de vous quitter et de vous souhaiter un bon congrès, je voudrais vous dire que je mesure l’importance de votre engagement. Je connais la pression qui s’exerce sur vous : obtenir son diplôme le plus rapidement possible, et se projeter dans un avenir professionnel dont les perspectives peuvent vous inquiéter. Je mesure à quel point ces contraintes peuvent pousser à l’individualisme, et combien cela peut marginaliser les plus faibles. Je sais que votre organisation, par ses combats, lutte contre cette résignation qui peut gagner la jeunesse. Militer, s’engager, c’est être libre, et commencer à ne plus subir. C’est aussi sur le plan collectif faire preuve de civisme, de responsabilité.

La science, la technologie, la culture, la littérature, tout ce qu’on enseigne dans les universités doit aussi nous permettre d’inventer d’autres chemins pour demain que ceux de la course au profit, du chacun pour soi, de la concurrence effrénée entre les individus et les sites au détriment de l’action collective et de la mise en réseau. Et c’est aux étudiants, à la jeunesse, de construire dès maintenant une société plus solidaire, plus juste et plus respectueuse du développement durable. C’est aujourd’hui que l’avenir s’invente. Votre engagement est essentiel. Merci de votre contribution, et merci de votre attention. Je vous souhaite un bon congrès.

Communiqué

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