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Amour et sexualité: L’amour sans sexualité existe-t-il ?

Amour et sexualité Lamour sans sexualité existe t il
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S'aimer sans faire l'amour. Impossible ? Pas pour tout le monde. Pour certains, la sexualité n'est qu'en option dans la relation. Témoignages et décryptage

L’amour est-il envisageable sans sexualité ? Si la question peut interpeller les champions de la libido, elle mérite d’être posée. Il existe en effet de nombreux couples qui restent très sages sous la couette et qui préfèrent attendre – parfois des années – avant de franchir le pas.

C’est par exemple le cas de Manon et Tom, 19 et 21 ans, « ensembles » depuis un an. Ces deux là passent des heures à discuter. Ils marchent main dans la main dans Paris et partent sac à dos parcourir l’Asie pour leurs vacances. Et s’ils ne vivent pas encore ensemble, ils l’envisagent. Mais ils auront chacun leur chambre. Une relation qui n’a rien à voir avec l’amitié, assurent-ils, mais qui se vit sans sexualité. Parce que ni l’un ni l’autre, explique Manon, n’éprouve pour l’instant le besoin de passer ce cap. S’aimer sans faire l’amour, est-ce vraiment possible ?

La sexualité, déterminante dans une relation, mais pas indispensable

« Je m’interdis personnellement de répondre à cette question », tranche Gérard Tixier, psychiatre et sexo-thérapeute. « L’amour revêt de multiples formes et si la sexualité est déterminante dans une relation, il est manifestement possible de trouver d’autres façons de cimenter un couple ». « Je dirais même que lorsque l’on reste ensemble malgré l’abstinence, c’est probablement à cause de l’amour, parce que l’on décide d’investir sur sa famille, sur des intérêts communs ou le confort d’une vie à deux». Autrement dit, pour s’aimer sans faire l’amour, il faut beaucoup s’aimer !

Une sensualité différente

« Ce n’est pas une philosophie de vie ou un parti pris », commente Manon. Je n’ai pas fait une croix sur cet aspect là de notre couple mais aujourd’hui, c’est comme ça Et j’ai la sensation que nous avons développé une sensualité différente, qui s’exprime par exemple dans la façon dont nous apprécions un bon vin ensemble ou un repas dans notre restaurant préféré. Ce qui compte avant tout, c’est l’envie que nous éprouvons d’être ensemble, et cette envie là est bien plus forte que la sexualité ».

L’envie et le partage, deux éléments essentiels à la longévité d’un couple. D’autant plus déterminants lorsque les ébats se font rares. Deux personnes qui s’aiment sans relations charnelles ont en général su identifier ce qui les nourrit personnellement et à deux : dévaler une pente enneigée à toute allure, regarder un coucher de soleil à l’autre bout du monde, se tenir par la main au cinéma, danser serrés l’un contre l’autre. Pas de sexualité, mais du plaisir malgré tout !

Et s’il y avait un problème ?

Parfois, l’absence de sexualité est malgré tout un problème pour l’un des deux. Sandra, 25 ans, aimerait bien que Joshua, son amoureux depuis six mois, la fasse grimper aux rideaux. Mais à part une ou deux tentatives vite avortées, c’est le calme plat sous les draps. Sandra est tellement mordue de Joshua que pour l’instant, elle reste. Elle voudrait bien en parler à son compagnon mais celui-ci se ferme comme une huitre à chaque fois qu’elle essaie. « Je crois qu’il en a envie lui aussi. Et je sens qu’il y a un problème ».

« Souvent, lorsque je parle avec mes patients, il apparaît que ça n’est finalement pas un problème de désir, mais que l’un des deux connait des difficultés physiques d’ordre pathologique qu’il n’a pas osé verbaliser », commente le médecin sexologue Albert Barbaro. Difficile en effet d’avouer un souci d’érection ou des douleurs intimes.

Parfois aussi, bannir la sexualité de sa vie est une façon de se protéger. Parce qu’on a souffert dans une autre relation, parce qu’on a peur de ne pas être à la hauteur. Faire l’amour, c’est sauter dans le grand bain, c’est s’offrir à l’autre, c’est oser se montrer nu(e) et sans défense ! D’une certaine façon, décider de vivre un amour sans érotisme, proche d’une relation amicale voire fraternelle évite à chacun de se confronter à ce qui l’effraie, lui fait honte ou l’attriste.

« Il peut y avoir aussi chez les couples abstinents que je reçois, une certaine immaturité », ajoute Gérard Tixier. Comme si s’aimer sans se « pénétrer » préservait la pureté de l’amour. Comme si la sexualité menaçait le fleuve tranquille d’une harmonie platonique…

Un équilibre qui ne tient que s’il est accepté par chacun

« Il peut parfois s’écouler des mois, voire des années sans qu’il n’y ait d’activité sexuelle. Et puis un jour, ce qui semblait convenir aux deux n’est plus satisfaisant», témoigne Albert Barbaro. Dans ces cas là, il ne faut pas hésiter à en parler. A deux mais aussi peut-être auprès d’un sexologue. Surtout, « pas de sexualité » ne veut pas dire « pas de câlins ». Parfois, l’appétit vient en mangeant. Et comme après une grosse diète, il ne faut pas être trop gourmand. Commencer petit à petit. Se caresser, l’air de rien. S’envoyer des sextos. S’amuser à faire un strip tease. Se faire des massages. Et plus si affinités…


Les facettes de l’amour: L’amour sans sexualité… par MCETV